[on parle de nous] chez Paris sur un fil

Posté le 20 mars 2014 dans 20 mars 2014 dans Billets

Les groupes des réseaux sociaux recèlent parfois de très bonnes surprises. On y découvre des gens passionnés et ça donne de jolies rencontres. Paris sur un fil a décidé de m’interviewer. Exercice nouveau pour moi qui suis plus habituée à poser les questions… Il en ressort un article qui donne un autre éclairage à la mission de De Fil en Archive et ça me plaît beaucoup !

Pour lire l’article dans son contexte c’est ici, le texte est en dessous.

 

Rencontre avec Solenn Roggeman : mode, culture et nouveaux médias

 

19 mars 2014

 

▪ Bonjour Solenn !

Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous raconter votre parcours ?

Bonjour, je m’appelle Solenn et je suis parisienne depuis 20 ans maintenant. Depuis très jeune, je suis attirée par le domaine muséal et j’ai ainsi été naturellement guidée vers l’Ecole du Louvre dans la poursuite de mes études (1er et 2ème cycle). Parallèlement, j’ai souhaité avoir une approche du monde professionnel en effectuant plusieurs stages, notamment au Musée des Arts Décoratifs et auService des Archives chez Christian Dior Couture. C’est grâce à ces opportunités de travail que j’ai décidé d’écrire mon mémoire d’étude sur Les costumes de bal et de théâtre de Christian Dior.

En sortant de ma formation, j’ai eu la possibilité de travailler immédiatement en tant que rédactrice pour un site web spécialisé dans la mode – anatomique.com. Cette première expérience m’a vraiment permis de créer un réseau dans ce domaine que je n’avais pas pu développer à l’Ecole du Louvre. J’avais surtout envie de sortir de l’univers bibliothèque, musée, etc… Il s’agissait d’un véritable challenge pour moi : se mettre à écrire avec un œil journalistique sur le web, et surtout convaincre de jeunes créateurs de mode de faire confiance à un nouveau média comme celui pour lequel je travaillais.

Après deux années passées à écrire, j’ai poursuivi ma carrière chez un antiquaire sur le quai Voltaire. On peut dire que c’était un retour vers mon premier amour qui était l’univers muséal mais cette fois-ci avec une nouvelle approche, plutôt commerciale. Je suis ensuite retournée vers le journalisme en tant que pigiste pour avoir la liberté de choisir mes projets et pouvoir adapter mon temps comme je l’entendais.
▪ Début février 2014, vous avez décidé de créer votre propre entreprise, De fil en Archive. Comment est né ce projet et quel est le concept de votre société?

Quand mes enfants ont été scolarisés, j’ai eu l’envie de me lancer dans l’entreprenariat. Etant de nature indépendante, cette décision a été finalement une véritable évidence. A ce moment là, l’embryon de De fil en Archive existait déjà ; en en parlant autour de moi, j’ai senti l’intérêt des gens, mais il manquait encore certains fondamentaux au projet.

Pour y remédier, j’ai assisté au Salon des entrepreneurs, où l’ESSEC tenait un stand. J’ai ainsi pris connaissance de leur programme Entreprendre au Féminin : un cursus d’une année dispensant des cours de droit, de marketing et de comptabilité pour monter sa propre affaire. Cette formation a permis de faire évoluer mon projet personnel au milieu de professionnels, tous entrepreneurs dans l’âme.

« Quand j’ai réalisé mon étude de marché, je me suis aperçue qu’il n’existait pas d’entreprise en France qui alliait la numérisation d’archive et la mode. »

Pourtant, ce secteur comme bien d’autres a besoin que son patrimoine soit protégé et valorisé via la procédure de numérisation des collections. Il existe énormément de maisons de mode dans lesquelles le numérique n’est pas encore entré : faute de budget, elles ne peuvent pas employer de personnel pour s’occuper de la numérisation de leurs archives à l’année.

Mon travail consiste donc à conseiller et à apporter des solutions à ces maisons de mode pour archiver au mieux leur patrimoine. Baignant dans le monde culturel depuis des années, j’essaie particulièrement d’apporter un œil expert à mes clients. En allant plus loin, je considère que mon travail est aussi d’introduire de bonnes pratiques en matière de conservation préventive. Il ne s’agit pas d’imposer à mes clients un passage au tout numérique, loin de là, mais je tente de leur faire prendre de nouveaux réflexes dans leur travail quotidien.

Parallèlement à mon site, qui sert plutôt de vitrine à mon entreprise, j’ai souhaité développer un blog où je poste régulièrement des articles sur les thèmes de la mode et des archives. D’une certaine façon, il me permet d’être plus accessible et de garder la fibre journalistique.

▪ De fil en Archive possède déjà quelques références. Pourriez-vous nous expliquer concrètement les enjeux des maisons de mode à numériser leur patrimoine ?

An+Ka, une marque de maroquinerie made in France, a été ma première cliente. Avec celle-ci, j’ai pu réellement élaborer mon concept et mon logiciel Cuscoll®, créé en interne et sur-mesure pour mon entreprise. Je souhaitais que ce logiciel soit très malléable et adaptable quelque soit le type de structure l’utilisant.

De fil en Archive arrive alors comme une prestation, plus ou moins étendue dans le temps selon les besoins des clients. Je peux leur apporter ce service de manière ponctuelle, ou encore de façon récurrente dès qu’ils ont besoin d’archiver dans l’année.

Ma société est véritablement à la carte mais le plus souvent ces maisons ont d’abord besoin que je fasse un état des lieux de l’existant, pour ainsi leur donner mes conseils en matière de conservation préventive. Puis, je leur propose plusieurs solutions : aménagement de la pièce où seront stockées les archives, choix des matériaux pour la conservation…

Ensuite, il s’agit aussi de défendre la propriété intellectuelle de ces maisons de mode dans une société où la contrefaçon est de plus en plus importante. Ma première cliente, An+Ka l’a d’ailleurs subi.

 

« La copie, l’usurpation lèsent la création et engendrent des coûts importants pour faire reconnaître la légitimité des créateurs. Pour se défendre, il faut avoir conservé de nombreux documents qui attestent de l’antériorité de leur savoir-faire. »

Enfin, au delà de la question de la préservation, se lancer dans une procédure de numérisation des collections permet également d’établir une base de données qui devient alors une ressource unique, un outil sérieux pour le travail de communication et de promotion de la structure. Les maisons de mode sortent au minimum deux collections par an, de ce fait un tel catalogage permet surtout de prendre du recul sur l’ensemble du travail de sa propre société et de former les nouveaux collaborateurs beaucoup plus rapidement.

▪ Mode, culture, et médias numériques semblent définir vos aspirations. Avez-vous des adresses coups de cœur à partager avec nos lecteurs ?

En ce qui concerne la mode, le Musée des Arts décoratifs est une de mes meilleures adresses. Ils ont bien sûr leurs grandes expositions annuelles mais présentent également de jeunes créateurs et de nouveaux talents. Evidemment, il y a eu la réouverture du Palais Galliera en septembre dernier, mais la démarche du musée Hors Les Murs pendant sa fermeture était très intéressante.

Une adresse plus gastronomique : le restaurant japonais Asia-Tee, rue de la montagne Sainte-Geneviève. On y mange très bien grâce au chef Kenji qui, en cas de faible affluence, répare d’anciennes montres mécaniques dans un petit coin – n’hésitez pas à apporter la vôtre si elle est cassée !

Au sujet des médias numériques, je suis assidûment le travail du site d’information culturel Louvre pour tous

, qui a une approche critique et analytique avec un vrai parti-pris.

Autant j’aime le numérique, autant je ne me passerai pas d’un bon livre papier. Ma librairie préférée s’appelle Librairie L’Usage du Monde, vers le métro Guy Môquet. Elle organise même régulièrement des rencontres avec divers écrivains.


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