Au Metropolitan Museum à New-York se tient actuellement une exposition sur le couturier Charles James, Charles James beyond fashion. J’ai eu le plaisir de la visiter, je vous raconte ?
Charles James est un couturier anglo-américain. Très connu pour ces magnifiques robes de bal, il a une approche spécifique de la construction des vêtements. En effet, il conçoit chaque pièce comme une sculpture, en utilisant une technique particulière d’assemblage et de drapés. Il voit la couture comme une synthèse entre mathématique et art. Il s’installe à New-York dès 1928 et travaillera aussi à Paris et à Londres. Ses créations sont saluées et reconnues, mais il fera faillite dès 1958.
L’exposition du Met montre trois aspects de son travail.
La première salle permet de contempler les vêtements d’une journée complète avec des thèmes spécifiques : Spirals & Wraps, Drapes & Folds, Platonic Form, and Anatomical Cut. On y voit de nombreux manteaux de jour, des robes dans une muséographie très théâtrale et plongée dans le noir. Toutes les pièces sont sur un socle géant en forme de croix autour duquel le spectateur déambule. Les pièces sont représentatives des heures de gloire du couturier dans les années 50. Les vêtements semblent flotter grâce au mannequinage qui fait disparaître le support. Les tissus sont très caractéristiques, beaucoup de drap de laine, manteaux du soir en tartan et robes drapées. Les coupes présentées arrondissent les épaules, marquent la taille pour une silhouette typique de cette période.
Dans la galerie Carl and Iris Barrel Apfel, on peut admirer les archives personnelles de Charles James, qui ont été léguées en 2013 au musée. Charles James a de son vivant (il est mort en 1978) fait don de nombreuses œuvres au musée de Brooklyn. En effet, il situait son travail entre art plastique et mode et trouvait que ses expérimentations étaient en adéquation avec l’univers muséal. Dans cette salle, on retrouve de des collages de photographies, des patrons, des dessins, des bons de commandes, mais aussi des formes en plâtre de certaines robes, des sculptures et aussi des chapeaux qui représentent une partie non négligeable de son travail après la faillite de sa maison. Une ravissante petite cape d’enfant arrondie est placée à côté d’un modèle adulte semblable et d’un modèle en toile reprenant la même forme. Ces archives très complètent permettent de mieux appréhender les obsessions stylistiques et la technique de Charles James.
La dernière partie de l’exposition, au rez-de-chaussée, est la plus spectaculaire. Le Costume Institute’s Anna Wintour Costume Center dans lequel a lieu cette dernière partie de l’exposition a été récemment rénové. Une avant salle met en scène les toiles blanches des robes, autour d’un sofa. Dans la salle suivante, les robes sont disposées individuellement sur de très larges socles ronds qui sans vitres protectrices (comme dans une grande partie de l’exposition). On peut tourner autour comme on le ferait dans une salle de bal. Les miroirs démultiplient l’espace. Les robes les plus emblématiques du couturier sont présentées « feuille de trèfle », « papillon », « arbre » et « Swan ». Couleurs vives, belles matières : soie, velours, satin, tout le savoir-faire de Charles James est présenté. Les jeux de drapés, lignes sirènes, robes fourreaux forme un ensemble sublime.
Cerise sur le gâteau, sur beaucoup de modèles, une caméra fixe filme et scanne la robe, analyse la structure en 3D, la morphologie, la mise en couleur et reconstruit le patron pour comprendre la structure de la robe. Un des plus beaux dispositifs média que j’ai vu pour une exposition. Loin d’être un gadget il éclaire sur ce travail très spécifique. Cette exposition monographique aide à prendre la mesure du spectaculaire travail de Charles James. Charles James beyond fashion, Metropolitan Museum New York jusqu’au 10 Août 2014 Pour en savoir plus sur Charles James, Créateurs de modes de Pamela Golbin aux Editions du chêne Pour voir davantage de photos, c’est ici :
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