Si vous êtes sensibles aux parfums Guerlain et au travail d’exception, il faut vite admirer l’exposition qui met à l’honneur les 160 ans du flacon aux abeilles.
Au premier étage de l’emblématique magasin du 68 avenue des Champs-Elysées, embelli par l’architecte Peter Marino, sont présentées neuf œuvres originales commandées pour cette manifestation. Marqueterie de paille, sculpture sur bois, plumasserie, verrerie, broderie au fil d’or, ébénisterie, maroquinerie, dorure, création graphique en gaufrage, autant de techniques incroyables qui racontent toute une histoire autour de ce flaconnage mythique.
Guerlain, parfumeur de l’impératrice Eugénie
Pierre-François-Pascal Guerlain, le fondateur de la maison éponyme, dédie son eau de Cologne à la future impératrice à l’occasion de son mariage avec Napoléon III. Il confie la réalisation du flacon à la Verrerie Pochet du Courval (c’est encore le cas aujourd’hui). Abeilles dorées à la main, inspiration de la colonne Vendôme, prouesse technique : tous ces éléments ont contribué à la renommée de ce modèle.
9 œuvres, 9 maîtres d’art
Ce titre donné aux artisans d’art de grand renom célèbre l’excellence, à l’instar des trésors vivants du Japon. Beaucoup des artisans sollicités ont déjà travaillé pour la maison Guerlain en particulier pour le nouvel agencement de la boutique. Ce qui est frappant ici, c’est d’abord la beauté des œuvres, mais aussi l’impression que chaque artiste s’est approprié le patrimoine Guerlain pour créer une histoire à la fois personnelle et reliée au parfum choisi.
Lison de Caune avec le Théâtre en marqueterie de paille et sa teinte bleu Empire fait une correspondance avec le parfum l’Heure bleue, qui en 1912 annonce les prémices des arts décoratifs.
Etienne Rayssac, sculpteur sur bois et ornemaniste joue avec l’Envolée sur la légèreté et la sensualité et renferme dans son flacon l’eau de Cologne des parfumeurs, aux notes vertes qui fait écho au bois de sycomore.
Emmanuel Barrois imagine la future impératrice avant le couronnement, se saisissant de son flacon et le renversant accidentellement, le parfum se solidifie dans le Trouble d’Eugénie. Ce maître d’art est capable de travailler sur une œuvre d’art comme sur la future canopée du forum des Halles…
Mon coup de cœur absolu va à l’œuvre de Nelly Saunier, plumassière, avec sa Cage aux oiseaux et aux abeilles. C’est en observant les lignes du flacon, qu’elle pense à l’armature d’une cage. Le travail de marqueterie de plumes (22 sortes différentes utilisées ! ) joue sur la gamme chromatique et la lumière qu’elle dégage. Le flacon est lové dans un nid de plumes de marabout et le parfum encapsulé est Shalimar.
Cette exposition qui aurait pu se voir comme un simple article de promotion, démontre au contraire un véritable parti pris, en donnant carte blanche à des artisans d’art exceptionnels. C’est une façon de jongler avec les codes, entre tradition et modernité sans renier la qualité Guerlain. Et puis perdre pied dans les jeux de miroirs et d’or de la boutique est une sensation surprenante et agréable.
Toutes les œuvres sont à vendre, vous êtes tenté ?
A visiter, le très beau tumblr de Guerlain : guerlain.tumblr.com pour des détails supplémentaires.
Guerlain 68 avenue des Champs Elysées, jusqu’au 17 février 2014
Mettre en lumière le patrimoine unique des marques de luxe : des trésors à redécouvrir