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Mémoire d’une garde-robe, une parenthèse de la belle époque aux années 30.

Posté le 16 janv. 2014 dans 16 janv. 2014 dans Billets

Mémoire d’une garde-robe, une parenthèse de la belle époque aux années 30.

L’exposition du musée Carnavalet, programme Galliera hors les murs, présente l’univers de trois femmes, d’une même famille, évoluant dans l’univers de la mode au début du XXe siècle. Hortense est première vendeuse chez Worth, Alice chez Cheruit et Adèle, leur mère, est couturière en robe.
Cette présentation temporaire s’attache avec justesse à faire ressentir l’effervescence et la profusion des maisons de « haute mode », les débuts de la Haute-Couture à Paris entre la place Vendôme et la rue de la Paix.

Elle existe grâce au leg, du fond Alleaume au Palais Galliera. Complétée par des œuvres extérieures à ce don, elle offre une vision claire et enthousiasmante du contexte et de la clientèle très internationale (déjà) des maisons de couture d’avant-guerre.

H. Bocklage, Alice Alleaume, vers 1912. Photographie. Photo H. Bocklage/Droits réservés Prise de vue © Gérard Leyris

H. Bocklage, Alice Alleaume, vers 1912. Photographie. Photo H. Bocklage/Droits réservés Prise de vue © Gérard Leyris

La scénographie mêle habilement vitrines, illustrations truculentes (Napoléon essayant un chapeau dans Voyage autour de ma colonne) par la caricaturiste SEM, peintures, photographies, écrits de la famille Alleaume qui permettent de touchants rapprochements entre les œuvres exposées et leur utilisation d’origine. Les écrans vidéo ponctuent les salles pour présenter des photos grandeur nature, ou des illustrations du caricaturiste que l’on a plaisir à pouvoir détailler.

Caricature de SEM

Caricature de SEM, Voyage autour de ma colonne

Les couleurs des salles sont un vrai parti-pris de gaieté (bleu ciel, rose, vert cru, gris pâle), une manière de répondre aux robes et aux accessoires, une façon aussi de ne pas oublier que seules les photos étaient en noir et blanc…

Au cours de l’exposition on s’attache à Alice, élégante, très au fait de la mode de son époque, mais aussi à sa sœur aînée tout aussi coquette mais qui fait des choix vestimentaires plus classiques. En 1923, Alice arrête de travailler pour la mode, mais elle suit toujours la tendance et continue de sélectionner ses tenues avec goût, adoptant les robes longues en biais et les créations de Jeanne Lanvin.
De nombreux accessoires sont visibles, chapeaux brodés, bijoux de celluloïde, ou encore salomés jamais portées et tellement actuelles.

Jeanne Lanvin, plastron et paire de manchettes « Sèvres », 1934-1935.  Cabochons en celluloïd ivoire en pointes de diamants cousus sur un fond en toile de soie ivoire © Stéphane Piera/Galliera/ Roger-Viollet

Jeanne Lanvin, plastron et paire de manchettes « Sèvres », 1934-1935.
Cabochons en celluloïd ivoire en pointes de diamants cousus sur un fond en toile de soie ivoire © Stéphane Piera/Galliera/ Roger-Viollet

Une part importante de l’exposition met en valeur les dépôts des modèles de la maison Chéruit qui a disparut en 1933. La copie était déjà au cœur des préoccupations de la création. Il est d’ailleurs intéressant de constater que parfois le dépôt diffère légèrement du modèle exécuté. Cette maison de couture avait son propre atelier de broderie.

L’exposition permet de redécouvrir cette maison qui fut l’une des premières à s’installer place Vendôme. Elle proposait deux collections par an ce qui représentait environ 240 modèles… Alice a conservé ses carnets de vendeuse, les notes sur les passages de ses clientes à la boutique.

La préservation et la restauration sont à l’honneur avec une vidéo qui montre le reconditionnement et les différentes étapes de remise en forme des fleurs artificielles d’Alice qui lui servaient à agrémenter ses tenues. Un autre point important est la diversité des supports utilisés pour la présentation des œuvres. Peu de bustes mais des mannequins complets, sombres aux yeux en creux qui donnent une silhouette vivante très proche d’un vêtement porté.

Mon seul bémol vient des cartels placés très près du sol et difficiles à lire avec la typographie utilisée et le reflet des vitrines.

Une exposition à découvrir jusqu’au 16 Mars, MUSÉE CARNAVALET – histoire de Paris
23, rue de Sévigné – 75003 Paris
Cerise sur le gâteau, le catalogue contient le patron d’une des robes présentées.

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