Pour inaugurer sa réouverture, le palais Galliera, (dont il émane toujours une profonde impression de mélancolie) choisit de célébrer Azzedine Alaïa.
Un créateur qui aime les femmes
Il revendique le titre de couturier, pas par snobisme mais parce qu’il maîtrise toutes les étapes de la création du vêtement. Arrivé à Paris à la fin des années 50, il passe chez Christian Dior et chez Guy Laroche, mais s’inspire surtout des corps féminins.
Dans sa clientèle internationale, on compte entre autre Louise de Villemorin, Greta Garbo ou Arletty. Thierry Mugler, son ami l’encourage à créer ses propres collections.
Les codes Alaïa
Il ne cherche pas suivre le sacro-saint rythme des fashions weeks et rejette assez tôt (1988) le rythme effréné des défilés. Il préfère des présentations plus intimes et à son propre tempo, s’adressant surtout à sa clientèle plus qu’à la presse.
Roi des contrastes il mixte ses matières sans privilégier le luxe : cuir bien sûr, mais aussi coton, maille stretch ou laine bouille et textile moulé en forme. Les éléments techniques deviennent des ornements. Les œillets s’agglutinent, et les fermetures à glissières enlacent la silhouette. Les corsets se montrent et marque la taille. Le cuir se lace, se scarifie, se découpe. Les imprimés d’inspiration féline s’étirent et rendent les vêtements sauvages.
La silhouette s’adapte aux courbes mais avec un sens inné de la coupe, il s’agit avant tout de vivre avec ses robes librement et élégamment.
Déjà célébrer dans des expositions mêlant art et mode, il traverse la rue pour investir la salle Matisse du Musée d’art moderne de la ville de Paris. Un cadre flatteur pour mettre en valeur les robes monumentales et une série de trois pièces créées spécialement pour l’occasion.
L’expo ne me laisse pas une impression marquante en matière de scénographie, mais elle a le mérite de donner en filigrane les clés de ce couturier assez secret et particulièrement attachant. Les cartels (lisibles !) donnent la bonne proportion d’informations : ses souvenirs de religieuses en Tunisie qui ont influencé sa palette chromatique restreinte, son travail pour Tati. Sur ce point, c’est amusant de voir qu’à partir de son imprimé rose et blanc, des allez-retours incessants entre la mode et la rue créent des réinterprétations perpétuelles. On sent dans chaque vêtement son amour de la beauté féminine. Le vêtement est à son service et pas l’inverse !
Mettre en lumière le patrimoine unique des marques de luxe : des trésors à redécouvrir