Au musée de la mode et du textile se tient une expo qui permet à tous de comprendre l’origine d’une collection de mode. Un tableau, une vidéo, un film, un papillon : les sources sont innombrables et dépendent de l’imaginaire de chacun. Dans le cas de Dries VAN NOTEN tout l’enjeu de la scénographie a été de nous immerger dans sa tête, comme si nous avions la possibilité pendant quelques heures de suivre les mécanismes de sa création.
Chaque vitrine est conçue comme une petite cellule sur un rayonnage de la mémoire. La muséographie nous immerge dans des espaces clos et recouverts entièrement soit de mots et d’anciennes photos de presse (pour la partie contexte), soit de la magnifique œuvre commandée pour l’exposition de l’artiste Azuma MAKOTO. On a alors l’impression de se promener dans un jardin luxuriant. Ce thème revient souvent dans les références de Dries. Du costume de lapin un peu fou de Cecil Beaton, aux broderies de Schiaparelli, en passant par le treillis militaire.
Le rez-de-chaussée est lui plongé dans le noir, permettant de se concentrer sur chaque installation. Les vidéos de défilés font partie prenante de l’exposition et sont projetées sur les vitrines. C’est le cas aussi pour le film la leçon de piano de Jane Campion ou la Vierge à l’enfant de Fouquet (conservée au musée royal d’Anvers, trop fragile pour être transportée ?).
Une autre idée judicieuse est de répéter les cartels de part et d’autre d’un thème. Les spectateurs ont ainsi le loisir de revenir sur un détail sans allers retours. Ne pas avoir de support écrit sous les mannequins est intéressant pour la perception des vêtements. Le spectateur n’est pas guidé, il doit réfléchir seul, se laisser surprendre, s’appuyer sur sa propre perception.
La grande originalité des Arts déco est de pouvoir rassembler dans un seul espace un portrait de Bronzino, l’incroyable vidéo des trichoptères et leurs cocons d’or d’Hubert Duprat, le polo en faïence de Lacoste Héritage et Rapture de Damien Hirst. Le créateur a sûrement réalisé un rêve généralisé : changer son mur de cartes postales ou son Pinterest contre un vrai musée personnel.
Dries Van Noten est un couturier très attaché aux arts appliqués, en particulier les broderies qu’il fait réaliser en Inde, mais aussi une multitude d’accessoires ornés comme les chaussures. Il crée pour la femme et l’homme pour lequel il apporte son savoir faire et une touche d’excentricité très aristocratique.
Cette exposition m’apparaît d’une grande richesse émotionnelle, à l’image du créateur. Elle raconte admirablement la diversité d’un goût et les nombreuses sources qui lui permettent de se nourrir et d’évoluer. Dans son entretien avec Pamela Golbin, le créateur annonce clairement que cette exposition n’est en aucun cas une rétrospective. Je l’ai vraiment perçue ainsi. Même si on retrouve bien évidemment des caractéristiques de son style, on est surtout plongé dans l’intimité de Dries Van Noten.
A noter la dernière partie de l’exposition qui présente la collection 2014 pour laquelle le créateur anversois a travaillé sur les réserves du musée de la mode et du textile : une manière de boucler l’inspiration…
Musée de la Mode et du Textile
Dries Van Noten Inspirations
Jusqu’au 31 Août 2014
Mettre en lumière le patrimoine unique des marques de luxe : des trésors à redécouvrir