Sur le papier Vendorama fait envie : une campagne d’affichage attractive (comme pour l’ouverture de la Maison Chloé), un site pour choisir facilement son créneau horaire car l’exposition est courte (jusqu’au 28 janvier), un argumentaire qui vise à faire découvrir les 160 ans de la maison Boucheron et ses créations orginales. En route pour la visite.
Victime de son succès, peut être, le créneau réservé est largement dépassé, plus de 40 min de queue sous la pluie, à noter toutefois que les « hôtes » sont aux petits soins : parapluie, catalogue, pré-enregistrement des réservations.
Dès l’accueil l’accent est mis sur la médiation, un intervenant nous rappelle le fonctionnement de l’appli dédiée (qu’un mail nous invitait à télécharger en amont), et les médiateurs proposent leur aide régulièrement dans les salles.
L’espace est divisé en 6 espaces : l’inspiration, les animaux de collection, la création et la fabrication, la révélation et le 26 place Vendôme.
L’application Vendorama, fonctionne avec des bornes bien identifiées. Elle fait intervenir un chat Vladimir, qui, après quelques pirouettes, livre un secret de la maison. L’effet est amusant mais un peu long pour obtenir l’anecdote et il ne faut pas s’éloigner de la borne.
Pour évoquer la richesse des inspirations, une bibliothèque aux volumes noirs abrite des parures du thème serpent bohème décliné en plusieurs couleurs. Quelques exemples de documents d’archives tel qu’un livre de commande ou une lettre de correspondance entre Boucheron et un client donne une très petite partie de la richesse patrimoniale de la maison de joaillerie. Pour évoquer le fond iconographique considérable de la maison et le contexte historique du Petit Palais ou du Pavillon de l’exposition universelle, un livre interactif est à la disposition du visiteur. Il en résulte malheureusement un sentiment non abouti, avec des documents sans rapport avec les œuvres présentées. Le peu de cartels rend l’ensemble brouillon.
Cette première partie est complétée par des bijoux reprenant le bestiaire utilisé dans le répertoire de Boucheron. Des exemples de loup, de chouette, de colibri ou encore de biche, proposent d’admirer des pièces spectaculaires et avec un traitement en volume original, pendentifs, mais surtout bagues spectaculaires.
La scénographie attire le visiteur vers de grands écrans traités comme des tables. Il y en a 6, indépendantes, ce qui permet de ne pas attendre son tour et c’est très appréciable. Le parti-pris de ce dispositif multimédia est d’appréhender les différentes étapes de la fabrication d’un bijou, du polissage au sertissage. Les mains des artisans sont filmées du dessus, permettant d’être vraiment au cœur du geste. C’est à mon sens la partie la plus passionnante, avec un dispositif qui fonctionne bien. Peut être qu’un peu d’explications supplémentaires vocales pour décrire les outils par exemple, ou l’importance de chaque étape auraient un plus.
Une grande vitrine sépare le pôle fabrication du pôle création. Des exemples de pierres précieuses sont classés par couleur avec leur valeur en carats. C’est très beau et cela permet de découvrir des pierres comme la Labradorite !
Deux acteurs jouant un créateur de la maison et une jeune femme lui donnant la réplique, interpellent le visiteur pour lui expliquer la création du collier point d’interrogation. Ce modèle inventif, imaginé en 1879, permet aux femmes d’enrouler le collier autour de leur cou par un jeu de ressorts, sans l’aide d’une tierce personne. Le collier sera récompensé à l’exposition universelle de 1889. Là encore, si le dispositif scénique souhaite accompagner le spectateur, l’effet tombe un peu à plat. Le comédien demande la participation de l’auditoire pour trouver le gouaché correspondant à ce collier, dommage on aurait préféré avoir un peu plus de renseignement sur cette étape que la recherche du dessin…
Pour évoquer l’originalité et la modernité des lignes Boucheron, des colonnes miroirs présentent des variations sur la ligne « Quatre » et sur la montre « Reflet ». L’application met en avant le cadeau d’Edith Piaf à Marcel Serdan et invite le visiteur à admirer les bijoux. La montre Reflet est liée au modernisme et présente un code important de la maison Boucheron, les godrons. Les colonnes bien qu’esthétiques présentent un terrible reflet qui permet peu d’admirer les subtilités des pièces.
La dernière partie de l’exposition sur le 26 place Vendôme promet une expérience unique : le visiteur est invité à réaliser une mini vidéo unique à 360 degrés dans un espace aux contours de la Place Vendôme. Malheureusement il fallait à nouveau faire la queue pour profiter du dispositif. Si cette partie met en avant le cadre unique de la boutique, le dispositif ne m’a pas donné envie d’attendre encore.
Je ne l’ai ouvert qu’après la visite. Il est très bien fait, agréable à lire, instructif et joli. Il donne les clés de tout ce qui m’a paru absent de l’espace d’exposition : les détails des œuvres présentées (j’aime les cartels) ou des textes de salle. Il complète vraiment la visite.
Cette exposition me laisse donc un peu sur ma faim, les dispositifs scéniques l’emportent sur le fond et c’est dommage. Le cadre de la Monnaie de Paris et les 160 ans de la maison Boucheron aurait pu prétendre à davantage d’exigence.
Pour vous faire votre propre avis, rendez-vous 4ter rue Guénégaud jusqu’au 28 janvier.
https://vendorama.boucheron.com/
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