Entrer dans cette fondation, pour cette exposition en particulier, c’est vivre un vrai dépaysement. On quitte l’avenue Marceau pour se retrouver propulsé directement au Maroc : les couleurs chaudes, la musique, et les photos en noir et blanc, de Jean Besancenot entre autres, projetées au mur, permettent de se plonger dans le sujet. Un préambule à l’exposition met en place le contexte. Il faut retenir que les Imazhigen ou Berbères résistent au brassage culturel et que les femmes sont garantes de la pérennité de la tradition et de la langue. Leur culture propre est reconnue au Maroc officiellement depuis 2011 seulement. Les cartes et les photos permettent d’appréhender un peu la géographie et les distinctions entre les différents costumes.
Les premières vitrines présentent de nombreux tapis, aux motifs géométriques, issus de tissage traditionnel ainsi que des récipients en terre cuite. Certaines pièces sont techniquement étonnantes comme la cape d’un enfant berger, tissée en une seule pièce, ou encore une couverture de selle qui reprend la forme de celle-ci.La scénographie de cette première salle est particulièrement traditionnelle, elle met en valeur le savoir-faire qui est très souvent l’apanage des femmes : tissage, vannerie, poterie. Les objets s’accumulent pour donner la mesure du répertoire graphique.
La seconde partie nous transporte au cœur d’un ciel étoilé, émaillé de vitrines et de miroirs et de triptyques vidéo. L’impression de perte de repères s’amplifie. Les installations multimédia sont très réussies et mettent en scène sur mannequins les lourdes parures présentées. L’argent, l’ambre, le verre, les coquillages et l’émail habillent les bustes parés et répondent aux capes de laine tissées, ceintures de coquillages et jambières et mitaines de laine.
Si le goût de l’apparat est bien visible, quelques trop rares explications permettent de comprendre que ces habits avaient des spécificités de lieux, de catégories propres à chaque groupe (comme on pouvait en avoir dans de nombreuses régions du monde).
Les parures, riches, lourdes et colorées, sont articulées en différentes pièces, dont les poétiques clés de voile, qui servent de contre poids pour les coiffures. Les pièces présentées forment un très bel aperçu de la culture berbère, l’exposition permet de s’immerger. Il n’en reste pas moins que la présentation parcellaire et un peu raide des cartels permet d’apprécier un ensemble mais pas une lecture détaillée ou didactique des pièces présentées.
Cette exposition est présentée à la fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent et se fait en association avec le musée berbère du jardin Majorelle à Marrakech.
Paris, Jusqu’au 20 Juillet 2014
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