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La garde-robe de la comtesse Greffullhe

Posté le 04 déc. 2015 dans 04 déc. 2015 dans Billets

La garde-robe de la comtesse Greffullhe

La nouvelle exposition du musée Galliera remonte le temps pour présenter un don majeur de ses collections, celui des vêtements ayant appartenu à la comtesse Greffulhe. S’il n’est pas forcément évident d’intéresser le public à la mode de la fin du siècle dernier, il faut vraiment courir voir cette très belle exposition tant pour ses œuvres que pour sa scénographie.

Mais qui est la comtesse Greffullhe ?

La comtesse Greffulhe, Élisabeth de Caraman-Chimay, est née en 1860 et meurt en 1952. Nièce de Robert de Montesquiou, passée à la postérité sous la plume de Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu, la comtesse prête ses traits à la duchesse de Guermantes. Elle épouse le comte Henry Greffulhe et devient une figure emblématique par sa richesse, sa beauté et ses actions en matière de vie culturelle et intellectuelle. Grand mécène pour la musique et les ballets russes, elle soutient aussi le capitaine Dreyfus et se passionne pour la science et en particulier Marie Curie. La comtesse Greffulhe est très éclectique, et sa garde-robe est à la hauteur de sa personnalité.

Illustrations d’Aurore de la Morinerie © Aurore de la Morinerie

Illustrations d’Aurore de la Morinerie
© Aurore de la Morinerie

 

 

L’ exposition

La première salle choisit de présenter la comtesse par petites touches pour la rendre vivante. Une série de dessins contemporains, deux films d’époque où elle pose sur une terrasse, et cette jeune femme n’est plus abstraite. La scénographie (de Béatrice Abonyi) joue sur les faux semblants en utilisant des éléments qui évoquent la scène : des tréteaux, des caisses en trompe-l’œil qui ménagent des coulisses et qui reprennent le style très Napoléon III des boiseries noires et des murs au coloris brique. Ce système de boîte est utilisé notamment pour une somptueuse robe à traîne. Comme souvent à Galliera, les vitrines ont disparu et abolissent la distance avec le spectateur.

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Robe aux broderies byzantines et zibeline Worth © Pierre Antoine

Worth

 

Ce qui est frappant c’est l’évolution de son style. Les premières robes, très fortes, sont longues, taille fine et manches gigots, souvent vieux rose ou vert cru. Mais les tissus sont somptueux : velours ciselé pour une robe d’après-midi de Worth, broderies byzantines et bordure de zibeline (toujours Worth), réemploi d’un cadeau russe (un khalat) pour créer une cape d’apparat (qui sera retransformée huit ans plus tard pour suivre la mode). Elles démentent l’allure stricte de ce genre de forme. Elles montrent aussi une perfection du détail, un goût pour les motifs floraux et géométriques.

Tea-gown en velours ciselé et Khalat transformé par Worth © Pierre Antoine

Tea gown en velours ciselé et Khalat transformé cd Worth © Pierre Antoine

 

 Détail de Khalat -Worth© De fil en archive

Détail de Khalat -Worth© De fil en archive

 

 

Japonisme

Une autre tendance dans cette somptueuse garde-robe, c’est le goût pour les kimonos et autres vêtements d’influence orientale. Vers 1910, la maison Vitaldi Babani importe des soieries et des pièces traditionnelles et diffuse aussi le style de Mario Fortuny. Elle crée plus tard ces propres modèles à partir de ces influences croisées. Une robe de l’exposition est d’ailleurs inspirée du célèbre châle blanc Cnossos.

Manteau du soir. Lamé or ; broderies de paillettes, de tubes bleus, et de perles bleues. Lacet de fils métalliques. Vers 1925. Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Manteau du soir. Lamé or ; broderies de paillettes, de tubes bleus, et de perles bleues. Lacet de fils métalliques. Vers 1925. Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

 

Graphisme et robes brodées

Un autre espace est consacré aux robes du soir dans un esprit très contemporain. Les robes noires et blanches souvent de Jeanne Lanvin pourraient très facilement être adaptées à notre époque. Un manteau de soie, de la couturière orné d’un motif de briques est particulièrement moderne. On retrouve là encore les influences byzantines, égyptiennes (hiéroglyphes) qui sont dans l’air du temps. Les vêtements sont accompagnés de pièces d’archives : factures du trousseau de la comtesse, écrits personnels, comme ce texte très surprenant qui explique dans le détail ce que devra être sa tenue mortuaire : un contrôle total de son apparence jusqu’à sa mort et un goût certain de la mise en scène.

 © Pierre Antoine

© Pierre Antoine

 

Des accessoires d’exception

 

Une salle entière est consacrée aux souliers, éventails, chapeaux, épingles à cheveux,   ainsi qu’aux accessoires de son époux. Un meuble à vitrines et tiroirs ouverts, donne l’impression de rentrer dans le dressing du couple, tout en protégeant ces accessoires fragiles.

 © Pierre Antoine

© Pierre Antoine

 

La photographie, une autre passion

Elle s’initie à la photographie dès 1883 et posera régulièrement dans le studio de Nadar (la référence artistique est primordial) mais aussi dans celui d’Otto Wegener, d’origine suédoise, qui ouvre son atelier place de la Madeleine en 1883 et attire une clientèle élégante issue de la haute société. La comtesse, qui s’aime beaucoup, diffuse ses portraits à ses proches et les accrochent aussi dans ses maisons. La série d’Otto est très vaporeuse et montrent la comtesse portant certaines des robes de l’exposition : la robe exposée dans un nuage de papier de soie, ainsi que la fameuse cape russe.

La meilleure idée de l’exposition est d’avoir diffusée particulièrement dans cette salle de la musique correspondant à l’époque. Ce petit plus permet au spectateur de se laisser envahir par les photos et  l’atmosphère romantique.

 © Pierre Antoine

© Pierre Antoine

Photographie de Otto, la comtesse Greffulhe dans une robe de bal, vers 1887 © Otto / Galliera / Roger-Viollet

Photographie de Otto, la comtesse Greffulhe dans une robe de bal, vers 1887 © Otto / Galliera / Roger-Viollet

L’exposition se termine en apothéose avec la robe aux lys de Worth. Elle présente une coupe « princesse », sans couture à la taille, inhabituelle pour l’époque, mettant en valeur la minceur de celle qui la portait. La berthe, sorte de col, qui pouvait se replier en ailes de chauve-souris constitue une allusion à l’animal tutélaire de son oncle Robert de Montesquiou, tandis que le motif de fleurs de lys fait référence au poème que ce dernier avait composé en l’honneur de la comtesse.

 

Je suis sortie de cette exposition en ayant l’impression d’avoir passé une heure dans une bulle de beauté. Ça n’est jamais désagréable et encore plus en ce moment !

Palais Galliera  Jusqu’au 20 mars 2016 puis Museum du FIT de New York en septembre 2016.

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Des idées d’expo pour les enfants : dinosaures, lumière et licorne

Posté le 28 oct. 2015 dans 28 oct. 2015 dans Billets

Des idées d’expo pour les enfants : dinosaures, lumière et licorne

Dans la série le mercredi c’est permis, j’ai emmené mes testeurs de 7 et 10 ans voir la nouvelle expo Autour des dinosaures, un voyage du Jurassique au Crétacé.

Ce qui est particulièrement intéressant ici et qui tend à se généraliser c’est que le visiteur quitte son rôle de spectateur. Il est sollicité pour entrer dans le vif du sujet. La frise chronologique en entrant permet déjà de situer correctement la période des dinosaures et de voir notre place à nous, petits humains, présents depuis si peu de temps à l’échelle de la vie sur terre. En face de cette frise, on découvre une empreinte à trois doigts, immense et qui laisse présager de la taille de l’animal dans sa globalité (un T.rex). Une carapace de tortue, un tronc fossilisé et une tête de crocodile, illustrent aussi très bien une faune et une flore riche. Au Jurassique la végétation n’était pas très différente de la nôtre…

L’exposition s’articule en grandes plages temporelles qui s’appuie sur la biodiversité sous-marine, la faune terrestre ; les plantes et animaux du Crétacé.

La scénographie

La démarche de l’exposition est vraiment de faire réagir les enfants et les adultes qui viennent ici. Les cartels sont grands, clairs, pas besoin de chercher les petits nombres avec difficulté. Les vitrines sont variées et posent des questions qui permettent de se placer dans la posture d’un scientifique. Les ammonites (qui existaient déjà 150 millions d’années avant les dinosaures) sont examinées à la loupe pour comprendre leur forme spiralée (ou pas). Les ophiures, et les crinoïdes livrent leurs secrets grâce à l’observation des fossiles.

 Ce questionnement est le même pour les oiseaux et leurs ancêtres ainsi que les poissons avec de vrais exemples et des dessins explicatifs.

Vitrine des ammonites  ©De fil en archive

Vitrine des ammonites
©De fil en archive

 

Coup de cœur : les animatronics

Même si les squelettes, les dessins, les films même, peuplent notre imaginaire sur les dinosaures, un rêve fou serait de pouvoir se téléporter au crétacé pour les observer en action. Le Palais de la découverte ne recule devant aucun sacrifice et fait jouer Retour vers le futur au temps des dinos !

®N Breton

®N Breton

Pas moins de 7 scènes sont mises en placent avec entre autre un Tarbosaurus un carnivore très semblable au T-tex, qui vivait en Mongolie et en Chine ou encore un Camarasaurus qui vivait aux alentours de 155 millions d’années en Amérique du nord et au Portugal. Se nourrissant de fougères et de conifères il est plus haut qu’une girafe.

Camarasaurus animatronic ©De fil en archive

Camarasaurus animatronic
©De fil en archive

 

A la fin de l’exposition 4 tables écrans permettent aux visiteurs de voir s’ils ont retenu certaines informations sous forme d’un quizz et d’une recherche archéologique virtuelle. Si l’intention y est, le dispositif est un peu décevant. Disponible en français et en anglais, les enfants et leurs parents avaient du mal à saisir le fonctionnement : taper, toucher, balayer comme sur un smartphone ? A revoir peut être…

L’expo est en tous les cas est passionnante et la taille parfaite si on décide de lire et de prendre le temps de s’imprégner. A noter que le livre édité pour l’exposition n’est pas cher (moins de 10 euros) et récapitule les étapes de l’exposition.

XYZT © De fil en archive

XYZT © De fil en archive

XYZT : joue avec la lumière

Changement d’univers, on retrouve ici tout le plaisir que l’on peut ressortir dans les expositions interactives du Palais de la découverte ou de la Villette. Deux niveaux de lecture : le propos scientifique et le plaisir de voir la lumière bouger, s’animer grâce aux mouvements, au souffle. Immersion totale dont les enfants ne se lassent pas.

XYZT © De fil en archive

XYZT © De fil en archive

XYZT © De fil en archive

XYZT © De fil en archive

® M.A. Tondu

® M.A. Tondu

La dame à la licorne se décline en BD

Au musée de Cluny, la célèbre Dame à la licorne devient le sujet d’étude de 16 étudiants en bande dessinée de l’école Estienne. Quelques unes de leurs planches sont exposées dans 3 salles du musée. Différences de style, de scenarii, on a affaire à des imaginaires très personnels et variés du romantique au trash. Si l’idée est intéressante, la scénographie est un peu pauvre (sauf pour la première salle de présentation). Il aurait été intéressant d’avoir à disposition dans les salles le livre final pour le plaisir lire le recueil achevé. Le livre est néanmoins disponible à la librairie. Une bonne idée si vous voulez emmener des ados récalcitrants au musée du Moyen-Age. C’est aussi l’occasion de savourer la salle des des vitraux  au coeur de la scénographie.

Le concours des 3 lunes d'argent - Henri LEMAHIEU (extrait du site du musée de Cluny)

Le concours des 3 lunes d’argent – Henri LEMAHIEU
(extrait du site du musée de Cluny)

 

Palais de la découverte pour  Autour des dinosaures  jusqu’au 16 Août 2016 et XYZT, jouer avec la lumière jusqu’au 3 janvier 2016

Musée national du Moyen-Age pour La dame à la licorne revisitée par 16 étudiants de l’école Estienne jusqu’au 29 février 2016

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Révélation au Grand Palais : catalyseur de talents

Posté le 06 oct. 2015 dans 06 oct. 2015 dans Billets

Révélation au Grand Palais : catalyseur de talents

La deuxième édition de ce salon consacré aux métiers d’art s’est tenue à Paris du 10 au 13 septembre. Des entreprises au savoir-faire ancien ou modernisé ont pu présenter leurs œuvres et leurs services.

Conjointement une exposition de créateurs coréens sélectionnés par la Korean craft & design foundation était mise en valeur. La Corée du sud (dont c’est l’année en France) est réputée pour l’excellence de ses métiers d’art.

Difficile de décrire le plaisir procuré par cette manifestation : la nef du Grand Palais sous le soleil et des stands plus beaux les uns que les autres. Céramique, textile, bronzier, joaillier… La liste est longue des spécialités présentes. Plutôt que de dérouler un inventaire à la Prévert long et un peu soporifique, j’ai préféré me concentrer sur le portrait de quelques entreprises ou personnalités qui m’ont touchée par leur esthétique et leur savoir-faire.

Nef du Grand Palais, salon Révélations © De fil en archive

Nef du Grand Palais, salon Révélations
© De fil en archive

La pièce coréenne qui m’a le plus impressionnée est celle de Jaehyo Lee. Douce au toucher, elle est très antinomique car constituée de troncs de pins polis au millimètre.

Jaehyo Lee, salon Révélations  @De fil en archive

Jaehyo Lee, salon Révélations @De fil en archive

Place au cuir !

 

Sur le grand stand consacré aux métiers du cuir, on pouvait admirer quelques réalisations en matière de gants et de souliers : Perugia, Roger Vivier, etc. Ce qui était plus inhabituel c’était de voir les formes pour couper les gants, les différentes textures de cuir, la gamme des couleurs.

Peau et gants ©De fil en archive

Peau et gants
©De fil en archive

 Forme de coupe de gant ©De fil en archive

Forme de coupe de gant ©De fil en archive

Qui dit cuir dit aussi chaussure dit ici bottier. Hervé SALABERT est meilleur ouvrier du France. Avec gentillesse et pédagogie il a présenté son travail pendant le salon expliquant le patient travail de la mesure. Pour une paire de soulier sur-mesure, on commence par travailler sur la toile d’essayage (cuir moins noble que le cœur de la peau, utilisé pour le montage final). Pour vérifier que la forme est confortable, la toile est ouverte à différents endroits pour vérifier le confort du chaussant. Une paire de soulier sur mesure (à l’atelier John Lobb) nécessite 40 à 50 heures de travail, ce qui explique le prix. Il faut savoir qu’une paire fabriquée de cette manière peut être réparée au moins 7 fois et peut vivre 30 ans au pied de son propriétaire.

©De fil en archive

©De fil en archive

Une anecdote touchante est celle d’un jeune homme qui est venu le voir avec la paire de soulier de son grand-père. Son vœu étant de pouvoir les porter le jour de son mariage. Cette paire avait été remarquablement entretenue et les morphologies étaient très proches. Les chaussures ont été remontées pour être remises en forme et le souhait du jeune homme a été exaucé : un bel exemple de transmission !

Le bottier MOF Hervé SALABERT   ©De fil en archive

Le bottier MOF Hervé SALABERT ©De fil en archive

Ce qu’explique ce bottier c’est aussi la complémentarité des profils de l’atelier : mesure, forme, patronage, coupe, piqûre… Chacun a sa spécificité.

Le renouveau du papier peint

 

L’atelier d’Offard est une entreprise familiale crée par François-Xavier Richard, artisan d’art et créateur de papiers peints à la planche, qui a remis au goût du jour les techniques d’impression au tampon du XVIIIe et XIXe siècle. Nouveaux outils, modernisation des techniques, mais au service de la modernité. Cette entreprise maîtrise des savoir-faires traditionnels comme la tontisse ou le gaufrage. Il faut voir de visu ces feuilles peintes, tamponnées, qui offrent un répertoire incroyable de motifs et d’effets. Difficile de ne pas penser à l’impression sur étoffe et ses tampons (Musée de l’impression sur étoffe de Mulhouse) qui part du même concept.

La tontisse consiste à appliquer sur une feuille (préalablement peinte) de la colle et de la poudre de soie ou de laine. L’effet est d’une délicatesse absolue. Cette technique a été utilisée pour une œuvre spécialement présentée pour le salon et réalisée avec la maison d’édition Of XXI, éditeur d’espaces, jeune maison d’édition, invente de nouvelles approches autour de l’espace mural. La collaboration entre Of XXI et l’Atelier d’Offard donne naissance à l’oeuvre «Les Zones Inexplorées», un panoramique imprimé à la planche en 9 couleurs de tontisses (flocage) dans le respect du savoir-faire ancestral des grandes manufactures. Pour ce projet , la maison d’édition interroge le matériau «papier-peint» comme vecteur privilégié des langages.

Les Zones Inexplorées © Atelier d'Offard

Les Zones Inexplorées
© Atelier d’Offard

Les Zones Inexplorées © Atelier d'Offard

Les Zones Inexplorées
© Atelier d’Offard

Capable de s’adapter à des visions graphiques comme Dandelion d’Emmanuel Bossuet, réalisation des papiers dominotés gaufrés pour la galerie Armel Soyer à Paris ou au contraire à des pièces historiques comme le panneau réalisé pour l’exposition Sienne du musée des Beaux Arts de Rouen.

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Dandelion, atelier d’Offard Ph. Gilles Pernet / courtesy galerie Armel Soyer

Dandelion Emmanuel Bossuet, atelier d'Offard Ph. Gilles Pernet / courtesy galerie Armel Soyer

Dandelion Emmanuel Bossuet, atelier d’Offard Ph. Gilles Pernet / courtesy galerie Armel Soyer

D’autres métiers d’arts à découvrir bientôt…

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Des expo de mode pas parisiennes (partie 1) : Balenciaga magicien de la dentelle

Posté le 23 juin 2015 dans 23 juin 2015 dans Billets

Des expo de mode pas parisiennes (partie 1) : Balenciaga magicien de la dentelle

Pas de revue d’expo cette fois-ci, parce que je n’ai pas encore eu l’occasion de la voir. Cependant le sujet et le lieu sont attrayants. La cité de la dentelle à Calais est ouverte depuis 5 ans dans une ancienne usine et se fait force de présenter à la fois le savoir-faire intrinsèque de la région et les innovations actuelles. Loin d’être anecdotique ce thème transversal permet de comprendre que Balenciaga a utilisé cette technique sous toutes ses formes tout au long de ses années de création

Catherine Join-Diéterle, commissaire de l’exposition est intervenue lors d’une session du séminaire de l’histoire de la mode pour expliquer les dessous de l’exposition ainsi que ses choix thématiques et scénographiques. Elle a travaillé en collaboration avec Hubert de Givenchy pour la cohésion de l’ensemble. L’écouter est un pur régal, car loin de sacraliser le rôle du conservateur, elle permet de comprendre par quelles étapes, quelles interrogations elle est passée pour construire son propos. Trouver les bonnes pièces, croiser les prêteurs pour avoir un propos cohérent qui rende le vrai travail du couturier…

Faire aussi parfois avec ce qui existe encore ou ce qu’il faut recréer sans trahir l’esprit de la maison. L’équilibre est subtil, mais son enthousiasme est tel qu’il donne vraiment envie de se précipiter à Calais.

Catherine Join-Diéterle au séminaire de l’histoire de la mode  © De fil en archive

Catherine Join-Diéterle au séminaire de l’histoire de la mode © De fil en archive

Pour introduire le goût de Balenciaga pour la dentelle, les premières pièces proposées datent de sa période espagnole : robe en tulle avec un plissé en diagonales inversées par exemple. On retrouve à la fois l’influence de Jeanne Lanvin et de Madeleine Vionnet. Il assimile rapidement ce qui se fait à Paris.

Cristóbal Balenciaga, détail de robe du soir courte en taffetas et tulle, vers 1927 © Manuel Outumuro / Modèle conservé à la Fundación Cristóbal Balenciaga Fundazioa, Getaria, Espagne

Cristóbal Balenciaga, détail de robe du soir courte en taffetas et tulle, vers 1927
© Manuel Outumuro / Modèle conservé à la Fundación Cristóbal Balenciaga Fundazioa, Getaria, Espagne

Dans cette période précise, on retrouve bon nombre de détails liés à sa culture hispanique, une manche historicisante avec de petites pinces, une robe gitane griffée EISA (du nom de famille de sa mère).

Pour bien comprendre et faire comprendre le poids des conventions liées à l’habillement pour la femme de cette époque, l’exposition présente des exemples de tenues : tailleur, robe d’après-midi, robe de cocktail, robe du soir courte, robe du soir longue, robe de mariage… Toute la virtuosité du couturier consiste à bousculer les conventions en inventant des artifices pour les faire évoluer.

Cristóbal Balenciaga, robe de grand soir en dentelle de Dognin, 1951 Griffe BALENCIAGA (Paris) © Henry Clarke/Corbis

Cristóbal Balenciaga, robe de grand soir en dentelle de Dognin, 1951 Griffe BALENCIAGA (Paris) © Henry Clarke/Corbis

 

La dentelle

Si la dentelle est présente aujourd’hui à toute heure du jour, il n’en va pas de même dans les années 50. Balenciaga aime véritablement innover et jouer avec la matière. La guipure (dentelle dont on a enlevé le fond) fait un compromis pour égayer une robe d’après-midi. En s’inspirant de la technique utilisée sur un bavoir (et conservé aux archives Balenciaga) il utilise la technique du créponné, à partir de l’entre-deux de Valenciennes. Il le reprend périodiquement. Le rendu est assez lourd, un peu comme des chenilles.

La technique l’amuse et certaines robes s’ornent d’énormes motifs de passementerie qui ressemblent au style de dentelles qu’il voyait dans son enfance, assez baroques et inspirée de l’architecture palatiale. Cette inspiration espagnole est récurrente, il aime orner ses modèles de mantilles de dentelle. L’influence du peintre Goya n’est jamais très loin. C’est le cas par exemple avec une robe à taille basculée avec son étole cousue.

Cocktail ? vite une robe !

Une section entière de l’exposition est consacrée aux robes de cocktail. Le principe est une robe avec un manteau que l’on ouvrait mais que l’on ne quittait pas. L’idée était de transformer une tenue en deux. Par exemple une robe de satin blanc était portée avec un manteau en dentelle fermé par de petits rubans. Certaines tenues sont plus inhabituelles aujourd’hui comme une tunique qui pouvait se porter avec une jupe ou droite ou un panty.

Cristóbal-Balenciaga-manteau-et-robe-de-cocktail-en-dentelle-Chantilly-1953_Photo-de-dépôt-de-modèle-©-Photo-et-modèle-conservés-dans-les-Archives-Balenciaga-Paris

Cristóbal Balenciaga, manteau et robe de cocktail en dentelle de Marescot, mannequin Tania, 1963 Photo de dépôt de modèle avec échantillon © Photo et modèle conservés dans les Archives Balenciaga, Paris

La couleur n’était pas en reste car le couturier aime la couleur. Vert olive mais aussi or et chocolat ou violet. Une autre particularité est la dentelle peinte. C’est le cas sur la spectaculaire robe de 1953 brodée par Lesage. Le fond est peint à la main et brodé de petits rubans. Le raffinement de la robe est aussi dans les détails de coupe : décolleté en cœur et dos en pointe.

Cristóbal Balenciaga, robe de cocktail en dentelle peinte et brodée, 1953 © Henry Clarke/Corbis Modèle conservé à la Cité de la dentelle et de la mode, Calais Collection Cité de la dentelle et de la mode, Calais

Cristóbal Balenciaga, robe de cocktail en dentelle peinte et brodée, 1953 © Henry Clarke/Corbis
Modèle conservé à la Cité de la dentelle et de la mode, Calais Collection Cité de la dentelle et de la mode, Calais

Cette section présente aussi des formes chères au créateur : forme droite, très caractéristique de son style, forme babydoll, au style très féminin ou encore robes bustiers.

© Fred Collier, cité de la dentelle, Calais

© Fred Collier, cité de la dentelle, Calais

Les robes noires font l’objet d’un thème particulier. Pour les mettre en valeur, Catherine Join-Diéterle a paré les mannequins de gants, bouts de pieds et coiffures.

© Fred Collier, cité de la dentelle, Calais

© Fred Collier, cité de la dentelle, Calais

Cristóbal Balenciaga, robe et manteau de cocktail en dentelle noire, ceinture corselet rose, 1951 © Henry Clarke/Corbis 10 Modèle conservé à la Cité de la dentelle et de la mode, Calais

Cristóbal Balenciaga, robe et manteau de cocktail en dentelle noire,
ceinture corselet rose, 1951 © Henry Clarke/Corbis
10 Modèle conservé à la Cité de la dentelle et de la mode, Calais

 

Connaissez-vous l’ancêtre du snood (mais si vous le connaissez, c’est le chouchou de l’hiver) ? C’est le tube ! Pour délivrer les femmes des contraintes de l’étole à tenir en plus de leur sac, Balenciaga la coud. Ce détail est à la fois très élégant et permet de dissimuler gracieusement les zones de peau qui vieillissent mal (cou et bras).

Certains accessoires complètent la tenue, comme des manches amovibles transparentes. Elles permettent de varier les effets. Pour mettre en valeur la beauté des détails, l’éclairage choisi illumine le dessous des robes.

Une dernière section est consacrée à des pièces exceptionnelles, souvent rebrodées. Le ruban de crin, permet d’obtenir du volume, certains modèles sont entièrement brodés de paille ou de jais synthétique moins fragile que l’original.

L’incroyable boléro de 1962, rebrodé par Lesage appartenait à la comtesse von Bismarck. Les broderies représentent des raisins et des feuilles de vigne, des grappes de raisin en fils de soie, chenille, strass, canetille, laminettes, tubes, fils d’or, paillettes et pierreries.

Cristóbal Balenciaga, boléro du soir brodé par Lesage, 1959 © Manuel Outumuro Modèle conservé à la Fundación Cristóbal Balenciaga Fundazioa, Getaria, Espagne

Cristóbal Balenciaga, boléro du soir brodé par Lesage, 1959 © Manuel Outumuro
Modèle conservé à la Fundación Cristóbal Balenciaga Fundazioa, Getaria, Espagne

La broderie aussi raffinée que délicate fait de cet ensemble une sorte de vêtement-bijou, de coupe très sobre : il est sans col, fermé bord à bord et à manches longues. La princesse Grace de Monaco possédait un boléro équivalent.

Plus de 70 pièces sont à découvrir à Calais pour comprendre l’interaction du couturier avec cette technique. Pour faciliter la compréhension des modèles, sont présentées tout au long de l’exposition à côté des cartels quelques photographies de dépôts de modèle parfois avec leurs échantillons de tissu ou de broderies. Avec soixante- quinze tenues, complétées d’accessoires, d’échantillons, de photographies, de dessins originaux, cette exposition offre un panorama de la création du couturier espagnol et permet aux visiteurs de retrouver l’élégance des deux décennies postérieures à la Seconde Guerre mondiale.

Balenciaga, magicien de la dentelle

Cité de la dentelle de Calais, jusqu’au 31 Août 2015

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On passe au Jardins, jardin ?

Posté le 16 juin 2015 dans 16 juin 2015 dans Billets

On passe au Jardins, jardin ?

Si Jardins jardin n’est pas nouveau (c’est la 12eme édition), c’était pour moi la première fois. J’avoue que j’avais un peu peur d’une vision ultra citadine du jardin, un peu comme une nature réinventée pour parisiens en mal de nature. Et bien pas du tout ! Le lieu est bien aménagé et les choix des exposants très pertinent. Le thème de cette année était précisément « La ville heureuse », avec de nombreuses idées pour aménager terrasses et balcons surtout.

Nichée près de la Seine, juste en face du musée d’Orsay, l’espace est réparti en plusieurs pôles : innovations et création en haut des escaliers, horticulteurs, jardins paysagés, antiquaires du jardin et produits autour du jardin. Ce qui fait pour moi l’intérêt de ce salon, c’est que rapidement on oublie le temps, et je me suis mise à flâner, respirer, regarder. La sélection des exposants est vraiment de très bonne qualité pour tous les secteurs.

Quelques surprises

 

Ma découverte la plus gracieuse de ce salon, vient de l’entreprise de la plume à la bêche (gagnants du concours de l’innovation 2014). Cette jeune entreprise propose la création d’une sorte de tonnelle sur-mesure adaptée à votre espace, c’est la Cabane Polypode®.  Ses pieds reposent dans des bacs où la végétation est choisie pour se développer harmonieusement par strates. L’impression qui s’en dégage est éminemment poétique et transforme à coup sur l’espace autour d’elle.

Cabane Polypode® La plume & la bêche  © De fil en archive

Cabane Polypode® La plume & la bêche
© De fil en archive

Cabane Polypode® La plume & la bêche  © De fil en archive

Cabane Polypode® La plume & la bêche
© De fil en archive

Cabane Polypode® La plume & la bêche  © De fil en archive

Cabane Polypode® La plume & la bêche
© De fil en archive

Le corten, ça vous dit quelque chose ? Moi rien du tout jusque là. Mais je crois pouvoir dire que c’est la tendance en matière de bacs à fleur. Cet acier à la propriété de s’auto-patiner, évitant ainsi la rouille et c’est désagrément. Evidemment c’est nettement plus cher et plus lourd que les productions plastiques même de bonne qualité mais quasiment toutes les sociétés présentes en exposaient, exception faite de du paysagiste Mathieu Eymin avec le projet Coal Design©, mobilier en bois brûlé.

Francis Murat, jardinière en corten © De fil en archive

Francis Murat, jardinière en corten © De fil en archive

Coal Design©, mobilier en bois brûlé

Coal Design©, mobilier en bois brûlé

 

Les piscines c’est agréable mais ça occasionne de gros aménagements et un entretien régulier. L’entreprise Doodoopool prend le problème à l’envers et propose une petite piscine design, personnalisable et prête à l’emploi sans avoir à creuser son jardin. Tout est fourni et nécessite juste un point d’eau et une prise de courant. Ensuite à vous de vous en servir comme jacuzzi, pour une séance d’aquabiking ou de marche aquatique avec tapis de de course. Fabriquée en France, les façades sont personnalisables et la conception responsable.

Piscine ultra-compacte ©doodoopool

Piscine ultra-compacte ©doodoopool

Terrasses paysagées

Une multitude de terrasses originales permettent de mettre en avant une entreprise, un organisme ou même un pays.

La réalisation consacrée à la Tunisie était saisissante de beauté avec ses briques de Tozeur qui faisaient voyager très loin du jardin des Tuileries.

Tunisie, jardins, jardin © De fil en archive

Tunisie, jardins, jardin
© De fil en archive

La marque de cosmétiques allemands Docteur Hauschka, créée en 1967 présentait au travers de son jardin certaines plantes utilisées dans ses soins. Loin d’être anecdotique, cette marque possède même une ferme labelisée Demeter (pionner en ressources durables). Coing, marguerite, rose sont quelques unes des espèces utilisées. Protocoles et écologie font partie intégrante des soins.

Docteur Hauschka, Jardins, jardin © De fil en archive

Docteur Hauschka, Jardins, jardin © De fil en archive

 

Le design et les antiquités

Les puces de Saint Ouen et les antiquaires de la rive gauche avaient sorti leurs plus belles barbotines bancs et miroirs à motifs floraux, pour une ambiance bucolique.

© De fil en archive

Banc courbe (et très long) © De fil en archive

© De fil en archive

Banc en ger forgé peint à motifs de feuilles © De fil en archive

Dans le labyrinthe végétal des quatre saisons des pépinières Lappen, les sculptures de Jean Marc de Pas ponctuaient chaque fausse route gracieusement.

Labyrinthe, scuplture Jeam Marc de Pas © De fil en archive

Labyrinthe, scuplture Jeam Marc de Pas © De fil en archive

Beaucoup d’entreprises présentes travaillent sur l’aménagement en totalité d’un espace en combinant plusieurs profils techniques (le pack), ou aident les plus pressés en proposant de préparer les jardinières de vos fenêtres.

JARDINS, JARDIN AUX TUILERIES, le Pack

JARDINS, JARDIN AUX TUILERIES, le Pack

En matière de design, Lauren Germain et Aurore Pulwermacher, étudiantes à LISAA ont conçu Res’t’ool qui permet à la fois de s’asseoir et de ranger ses outils, une jolie idée.

RES'T'OOL projet Lisaa 2015

RES’T’OOL projet Lisaa 2015

Jardins jardin est vraiment une jolie vitrine de la vivacité du monde du jardin, de l’envie de nature même avec trois pots de plantes aromatiques. Les innovations vont vers plus de recyclage, et de convivialité. L’année prochaine, laissez-vous tentez, dépaysement assuré l’espace de quelques heures.

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[Livre] L’histoire de la haute couture

Posté le 02 juin 2015 dans 02 juin 2015 dans Billets

[Livre] L’histoire de la haute couture

Lors d’une séance du Séminaire de l’histoire de la mode, j’ai eu la possibilité d’écouter Guénolée Milleret. Elle a travaillé comme archiviste chez Yves Saint Laurent et se consacre maintenant à la transmission, en donnant des cours, et à la recherche, en écrivant des livres. Elle est aussi une collectionneuse passionnée de mode.

Son dernier opus vient d’être publié. Il a pour thème la haute couture. Encore un livre sur la couture ? Pourriez-vous me rétorquer. Oui, mais pas uniquement. Dans son ouvrage, on trouve vraiment des informations et pas seulement des jolies photos. Divisé en grandes périodes, jusqu’en 2015, ce livre retrace la naissance de la couture qui s’appuie sur le savoir-faire qui l’a précédée. On découvre que  les ouvrières luttent dès 1675 pour se faire reconnaître comme corporation indépendamment des tailleurs. On apprend de nouvelles expressions comme les « lapins de couloir », le rôle des merciers du Palais Royal, ou la personnalité de la fameuse Rose Bertin qui devient marchande de mode à la fin du 18e siècle.

Si Worth est bien connu pour son rôle dans l’élaboration même de la couture, l’auteur raconte la manière dont il a remis à la mode les motifs un peu oubliés des soyeux lyonnais, réveillant ainsi les industries textiles. Etre mannequin était alors un métier assez ingrat, loin de l’image glamour des années 90.

L’arrivée des femmes

L’auteur propose un portrait croisé de Jeanne Lanvin et de Gabrielle Chanel, deux femmes avec deux manières différentes de faire grandir leur maison de couture. La chambre syndicale, l’avènement des défilés dont le nombre de modèles est très encadré, le rôle de Lucien Lelong, les règles régissant ce métier, tout est passant en revue. Même le comportement des petites mains quand elles partent en vacances organisées par Mademoiselle Chanel.

 ©Patrimoine Lanvin

©Patrimoine Lanvin

Lors de ces recherches, Guénolée Milleret a fait une jolie découverte en retrouvant des négatifs non développés dans un fond photographique (Eugène Kammerman). Ces  photographies inédites donnent une autre vision, du premier défilé de Christian Dior en 1947 : une ambiance très calme, ainsi que des photos du backstage et des petites mains.

Le fléau de la contrefaçon est abordé et se pose déjà, bien avant la mondialisation.

Premier défilé Dior 1947 ©Eugène Kammerman/Rapho

Premier défilé Dior 1947 ©Eugène Kammerman/Rapho

 

De 1960 à 2015, la haute couture en question

 

La disparition progressive des maisons de couture, et l’avènement du prêt à porter pose régulièrement le problème de la persistance de cette industrie. Le livre fait le point sur les licences, les parfums, mais aussi le renouveau (encore) des métiers d’art et l’apparition de nouveaux talents comme Christian Lacroix. C’est aussi comprendre que  l’image de marque s’est quelquefois perdue dans les nombreuses licences (Cardin) et enfin la prise de conscience des maisons à changer de modèle et à se fédérer pour être plus solides.

 

Une dernière partie est consacrée au 21e siècle, aux rôles des grands groupes financiers et aux innovations. Chanel a par exemple racheté des entreprises de métiers d’art qui auraient disparu faute d’argent. Un défilé leur est dédié chaque année par la maison de couture, avec une inspiration fondée sur un pays et un lieu nouveau à chaque fois (par exemple l’Autriche en 2014). Les règles de la chambre syndicale ont évolué pour admettre une catégorie d’invités parmi les jeunes maisons. Aujourd’hui les maisons de mode sont obligées de prendre en compte l’aspect entrepreneurial de l’activité. Alexis Mabille ou Iris Van Herpen sont des exemples de réussites contemporaines.

©Pierro Biason -Alexis Mabille

©Pierro Biason -Alexis Mabille

« La haute couture ne s’enferme dans aucun postulat. Tradition et innovation reste les deux mots de la haute couture » G. Milleret

Le label haute couture reste synonyme d’excellence et la liberté de style est fondamentale.

Ce livre est riche et permet aux novices comme aux plus experts de mieux comprendre ce secteur adoré et décrié (et ça n’est pas spécifique à notre époque).

Haute couture de Guénolée Milleret, éditions Eyrolles

Photo à la une : Fourreau du soir en crêpe romain plissé, Grès, vers 1979. ©Photo Marc Tomasi pour l’étude Thierry de Maigret, Paris

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Mettre en lumière le patrimoine unique des marques de luxe : des trésors à redécouvrir