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[Livres] François Garde, un auteur qui aime les archives

Posté le 05 mai 2014 dans 05 mai 2014 dans Billets

[Livres] François Garde, un auteur qui aime les archives

En lecture je suis un peu monomaniaque. Quand je découvre un écrivain et que le premier livre me plait, je lis tout ce que je peux trouver. Avec François Garde c’est d’abord la couverture qui m’a attiré, ainsi que son titre.

Ce qu’il advint du sauvage blanc se lit d’une traite. L’intrigue met en scène l’histoire de Narcisse Pelletier, un marin débarqué sur une île et abandonné par erreur. Le thème est classique, le ton et la recherche de l’histoire beaucoup moins. Contrairement à Vendredi ou la vie sauvage, le héros se confronte à la nature hostile, aux us et coutumes rudes des individus qu’ils rencontrent. Pas de mythe du bon sauvage, mais un pied d’égalité et de désespoir très percutant. Le récit ne se cantonne pas à l’ile et c’est aussi sa force. Il n’oublie pas le scientifique qui est chargé de reconstituer le parcours de Narcisse.  Ce livre a reçu le prix Goncourt du premier roman.

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Le deuxième roman s’intitule Pour trois couronnes. Stylistiquement très agréable à lire, il invente un métier (pas si éloigné de De fil en archive…), curateur aux documents privés. Philippe Zafar est chargé de classer les documents laissés en plan par les défunts pour atténuer la peine des vivants, démêler l’important du secondaire, mettre à jour des pans méconnus de la vie des hommes…

Ecrit comme une enquête policière, confrontant le héros a des choix cornéliens dans une île (encore une) fraîchement pacifiée, Bourg Tapage. Ce livre renvoie au poids des actes individuels à une échelle nationale. L’écriture est très aboutie et j’espère qu’un prochain roman est en préparation…

Livres publiés chez Gallimard

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Dries Van Noten, une lucarne dans la tête d’un créateur

Posté le 26 mars 2014 dans 26 mars 2014 dans Billets

Dries Van Noten, une lucarne dans la tête d’un créateur

 

       Au musée de la mode et du textile se tient une expo qui permet à tous de comprendre l’origine d’une collection de mode. Un tableau, une vidéo, un film, un papillon : les sources sont innombrables et dépendent de l’imaginaire de chacun. Dans le cas de Dries VAN NOTEN tout l’enjeu de la scénographie a été de nous immerger dans sa tête, comme si nous avions la possibilité pendant quelques heures de suivre les mécanismes de sa création.

       Chaque vitrine est conçue comme une petite cellule sur un rayonnage de la mémoire. La muséographie nous immerge dans des espaces clos et recouverts entièrement soit de mots et d’anciennes photos de presse (pour la partie contexte), soit de la magnifique œuvre commandée pour l’exposition  de l’artiste Azuma MAKOTO.  On a alors l’impression de se promener dans un jardin luxuriant. Ce thème revient souvent dans les références de Dries.  Du costume de lapin un peu fou de Cecil Beaton, aux broderies de Schiaparelli, en passant par le treillis militaire. 

Exposition Dries Van Noten, Inspirations (c) Les Arts Décoratifs, Paris.  Photo : Luc Boegly

Exposition Dries Van Noten, Inspirations (c) Les Arts Décoratifs, Paris.
Photo : Luc Boegly

    Le rez-de-chaussée est lui plongé dans le noir, permettant de se concentrer sur chaque installation. Les vidéos de défilés font partie prenante de l’exposition et sont projetées sur les vitrines. C’est le cas aussi pour le film la leçon de piano de Jane Campion ou la Vierge à l’enfant de Fouquet (conservée au musée royal d’Anvers, trop fragile pour être transportée ?). 

     Une autre idée judicieuse est de répéter les cartels de part et d’autre d’un thème. Les spectateurs ont ainsi le loisir de revenir sur un détail sans allers retours. Ne pas avoir de support écrit sous les mannequins est intéressant pour la perception des vêtements. Le spectateur n’est pas guidé, il doit réfléchir seul,  se laisser surprendre, s’appuyer sur sa propre perception.

    La grande originalité des Arts déco est de pouvoir rassembler dans un seul espace un portrait de  Bronzino, l’incroyable vidéo des trichoptères et leurs cocons d’or d’Hubert Duprat, le polo en faïence de Lacoste Héritage et Rapture de Damien Hirst. Le créateur a sûrement réalisé un rêve généralisé : changer son mur de cartes postales ou son Pinterest contre un vrai musée personnel.

Exposition Dries Van Noten, Inspirations (c) Les Arts Décoratifs, Paris.  Photo : Luc Boegly.

Exposition Dries Van Noten, Inspirations (c) Les Arts Décoratifs, Paris.
Photo : Luc Boegly.

     Dries Van Noten est un couturier très attaché aux arts appliqués, en particulier les broderies qu’il fait réaliser en Inde, mais aussi une multitude d’accessoires ornés comme les chaussures. Il crée pour la femme et l’homme pour lequel il apporte son savoir faire et une touche d’excentricité très aristocratique.

Exposition Dries Van Noten, Inspirations (c) Les Arts Décoratifs, Paris.  Photo : Luc Boegly.

Exposition Dries Van Noten, Inspirations (c) Les Arts Décoratifs, Paris.
Photo : Luc Boegly.

      Cette exposition m’apparaît d’une grande richesse émotionnelle, à l’image du créateur. Elle raconte admirablement la diversité d’un goût et les nombreuses sources qui lui permettent de se nourrir et d’évoluer. Dans son entretien avec Pamela Golbin, le créateur annonce clairement que cette exposition n’est en aucun cas une rétrospective. Je l’ai vraiment perçue ainsi. Même si on retrouve bien évidemment des caractéristiques de son style, on est surtout plongé dans l’intimité de Dries Van Noten.

A noter la dernière partie  de l’exposition qui présente la collection 2014 pour laquelle le créateur anversois a travaillé sur les réserves du musée de la mode et du textile : une manière de boucler l’inspiration…

Dries Van Noten, huile sur toile, 2009, Aurélie Galois

Dries Van Noten, huile sur toile, 2009, Aurélie Galois

Musée de la Mode et du Textile

Dries Van Noten Inspirations

Jusqu’au 31 Août 2014

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[on parle de nous] chez Paris sur un fil

Posté le 20 mars 2014 dans 20 mars 2014 dans Billets

[on parle de nous] chez Paris sur un fil

Les groupes des réseaux sociaux recèlent parfois de très bonnes surprises. On y découvre des gens passionnés et ça donne de jolies rencontres. Paris sur un fil a décidé de m’interviewer. Exercice nouveau pour moi qui suis plus habituée à poser les questions… Il en ressort un article qui donne un autre éclairage à la mission de De Fil en Archive et ça me plaît beaucoup !

Pour lire l’article dans son contexte c’est ici, le texte est en dessous.

 

Rencontre avec Solenn Roggeman : mode, culture et nouveaux médias

 

19 mars 2014

 

▪ Bonjour Solenn !

Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous raconter votre parcours ?

Bonjour, je m’appelle Solenn et je suis parisienne depuis 20 ans maintenant. Depuis très jeune, je suis attirée par le domaine muséal et j’ai ainsi été naturellement guidée vers l’Ecole du Louvre dans la poursuite de mes études (1er et 2ème cycle). Parallèlement, j’ai souhaité avoir une approche du monde professionnel en effectuant plusieurs stages, notamment au Musée des Arts Décoratifs et auService des Archives chez Christian Dior Couture. C’est grâce à ces opportunités de travail que j’ai décidé d’écrire mon mémoire d’étude sur Les costumes de bal et de théâtre de Christian Dior.

En sortant de ma formation, j’ai eu la possibilité de travailler immédiatement en tant que rédactrice pour un site web spécialisé dans la mode – anatomique.com. Cette première expérience m’a vraiment permis de créer un réseau dans ce domaine que je n’avais pas pu développer à l’Ecole du Louvre. J’avais surtout envie de sortir de l’univers bibliothèque, musée, etc… Il s’agissait d’un véritable challenge pour moi : se mettre à écrire avec un œil journalistique sur le web, et surtout convaincre de jeunes créateurs de mode de faire confiance à un nouveau média comme celui pour lequel je travaillais.

Après deux années passées à écrire, j’ai poursuivi ma carrière chez un antiquaire sur le quai Voltaire. On peut dire que c’était un retour vers mon premier amour qui était l’univers muséal mais cette fois-ci avec une nouvelle approche, plutôt commerciale. Je suis ensuite retournée vers le journalisme en tant que pigiste pour avoir la liberté de choisir mes projets et pouvoir adapter mon temps comme je l’entendais.
▪ Début février 2014, vous avez décidé de créer votre propre entreprise, De fil en Archive. Comment est né ce projet et quel est le concept de votre société?

Quand mes enfants ont été scolarisés, j’ai eu l’envie de me lancer dans l’entreprenariat. Etant de nature indépendante, cette décision a été finalement une véritable évidence. A ce moment là, l’embryon de De fil en Archive existait déjà ; en en parlant autour de moi, j’ai senti l’intérêt des gens, mais il manquait encore certains fondamentaux au projet.

Pour y remédier, j’ai assisté au Salon des entrepreneurs, où l’ESSEC tenait un stand. J’ai ainsi pris connaissance de leur programme Entreprendre au Féminin : un cursus d’une année dispensant des cours de droit, de marketing et de comptabilité pour monter sa propre affaire. Cette formation a permis de faire évoluer mon projet personnel au milieu de professionnels, tous entrepreneurs dans l’âme.

« Quand j’ai réalisé mon étude de marché, je me suis aperçue qu’il n’existait pas d’entreprise en France qui alliait la numérisation d’archive et la mode. »

Pourtant, ce secteur comme bien d’autres a besoin que son patrimoine soit protégé et valorisé via la procédure de numérisation des collections. Il existe énormément de maisons de mode dans lesquelles le numérique n’est pas encore entré : faute de budget, elles ne peuvent pas employer de personnel pour s’occuper de la numérisation de leurs archives à l’année.

Mon travail consiste donc à conseiller et à apporter des solutions à ces maisons de mode pour archiver au mieux leur patrimoine. Baignant dans le monde culturel depuis des années, j’essaie particulièrement d’apporter un œil expert à mes clients. En allant plus loin, je considère que mon travail est aussi d’introduire de bonnes pratiques en matière de conservation préventive. Il ne s’agit pas d’imposer à mes clients un passage au tout numérique, loin de là, mais je tente de leur faire prendre de nouveaux réflexes dans leur travail quotidien.

Parallèlement à mon site, qui sert plutôt de vitrine à mon entreprise, j’ai souhaité développer un blog où je poste régulièrement des articles sur les thèmes de la mode et des archives. D’une certaine façon, il me permet d’être plus accessible et de garder la fibre journalistique.

▪ De fil en Archive possède déjà quelques références. Pourriez-vous nous expliquer concrètement les enjeux des maisons de mode à numériser leur patrimoine ?

An+Ka, une marque de maroquinerie made in France, a été ma première cliente. Avec celle-ci, j’ai pu réellement élaborer mon concept et mon logiciel Cuscoll®, créé en interne et sur-mesure pour mon entreprise. Je souhaitais que ce logiciel soit très malléable et adaptable quelque soit le type de structure l’utilisant.

De fil en Archive arrive alors comme une prestation, plus ou moins étendue dans le temps selon les besoins des clients. Je peux leur apporter ce service de manière ponctuelle, ou encore de façon récurrente dès qu’ils ont besoin d’archiver dans l’année.

Ma société est véritablement à la carte mais le plus souvent ces maisons ont d’abord besoin que je fasse un état des lieux de l’existant, pour ainsi leur donner mes conseils en matière de conservation préventive. Puis, je leur propose plusieurs solutions : aménagement de la pièce où seront stockées les archives, choix des matériaux pour la conservation…

Ensuite, il s’agit aussi de défendre la propriété intellectuelle de ces maisons de mode dans une société où la contrefaçon est de plus en plus importante. Ma première cliente, An+Ka l’a d’ailleurs subi.

 

« La copie, l’usurpation lèsent la création et engendrent des coûts importants pour faire reconnaître la légitimité des créateurs. Pour se défendre, il faut avoir conservé de nombreux documents qui attestent de l’antériorité de leur savoir-faire. »

Enfin, au delà de la question de la préservation, se lancer dans une procédure de numérisation des collections permet également d’établir une base de données qui devient alors une ressource unique, un outil sérieux pour le travail de communication et de promotion de la structure. Les maisons de mode sortent au minimum deux collections par an, de ce fait un tel catalogage permet surtout de prendre du recul sur l’ensemble du travail de sa propre société et de former les nouveaux collaborateurs beaucoup plus rapidement.

▪ Mode, culture, et médias numériques semblent définir vos aspirations. Avez-vous des adresses coups de cœur à partager avec nos lecteurs ?

En ce qui concerne la mode, le Musée des Arts décoratifs est une de mes meilleures adresses. Ils ont bien sûr leurs grandes expositions annuelles mais présentent également de jeunes créateurs et de nouveaux talents. Evidemment, il y a eu la réouverture du Palais Galliera en septembre dernier, mais la démarche du musée Hors Les Murs pendant sa fermeture était très intéressante.

Une adresse plus gastronomique : le restaurant japonais Asia-Tee, rue de la montagne Sainte-Geneviève. On y mange très bien grâce au chef Kenji qui, en cas de faible affluence, répare d’anciennes montres mécaniques dans un petit coin – n’hésitez pas à apporter la vôtre si elle est cassée !

Au sujet des médias numériques, je suis assidûment le travail du site d’information culturel Louvre pour tous

, qui a une approche critique et analytique avec un vrai parti-pris.

Autant j’aime le numérique, autant je ne me passerai pas d’un bon livre papier. Ma librairie préférée s’appelle Librairie L’Usage du Monde, vers le métro Guy Môquet. Elle organise même régulièrement des rencontres avec divers écrivains.


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Till we drop, voyage initiatique de Jean-Paul LESPAGNARD

Posté le 11 mars 2014 dans 11 mars 2014 dans Billets

Till we drop, voyage initiatique de Jean-Paul LESPAGNARD

Voici une expo enthousiasmante au double effet Kiss cool (ça existe encore ?) : elle met de bonne humeur et permet d’être tranquille au coeur des Galeries Lafayette…

Jean-Paul LESPAGNARD est un créateur belge, lauréat du festival de Hyères en 2008. Il présente à la Galerie des Galeries son univers décalé.

Crabe © De Fil en Archive

Crabe © De Fil en Archive

Artiste au sens large il offre ici une vision multi sensorielle de son travail : musique, bruitage de bourdonnement d’abeille, photos, illusions d’optique, plateaux de fruits de mer bijoux, décor mural… Son univers est baroque, les sens se répondent et donnent un grand sentiment de joie. Ses photos se lisent à la fois comme une vision du tourisme de masse (les photos souvenirs au Mexique), mais aussi comme une vision décalée et poétique, presque enfantine. Son déguisement d’abeille un peu grotesque sert ces niveaux de lecture.  A travers ce prisme, les images deviennent ludiques et renvoient à son propre imaginaire.

photo

Plage © De Fil en Archive

Le spectateur se laisse guider et va de surprise en surprise avec une mise en abîme au travers des  panneaux d’illusion, dans lesquels on passe sa tête pour changer de rôle. Sauf qu’il s’agit cette fois de la collection de vêtements, dont on devient mannequin malgré soi. La participation du visiteur est implicite. il passe au travers du décor.

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Carrousel © De Fil en Archive

Les vêtements ne sont pas dans la galerie, mais à l’entrée et dans les vitrines du rez-de-chaussée. Ils reprennent la garde-robe fantasmée pour partir en vacances dans les hôtels chics de la Riviera : vêtements fluides à impression géante de billets de banques, shorts porte gobelets, tailleurs graphiques, foulards hypnotiques. Till we drop est d’ailleurs le nom du défilé de septembre du créateur.

© Antoine Asseraf

© Antoine Asseraf

 

Jean-Paul LESPAGNARD apparaît comme un créateur touche à tout qui ne se prend pas au sérieux, et ça c’est jubilatoire.

Till we drop,

La Galerie des Galeries

A voir  jusqu’au 5 Avril 2014

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Jean-Claude Ellena : parfumeur et romancier

Posté le 23 févr. 2014 dans 23 févr. 2014 dans Billets

Jean-Claude Ellena : parfumeur et romancier

Jean-Claude Ellena, le nez de la maison Hermès n’est pas seulement un très grand compositeur de parfums, c’est aussi un romancier. Il est le nez exclusif d’Hermès depuis 2004, où il a signé entre autre un Jardin en Méditerranée ou encore récemment Epice marine. Il est aussi l’auteur du mythique Eau de campagne de Sisley, irremplaçable…

Au-delà de son art, il a choisi de parler de son métier au travers deux livres : Journal d’un parfumeur et La Note verte paru cette année. Dans le premier on suit presque au jour le jour son travail de création, les correspondances qui se font, l’envers du décor en somme. Les recherches sur plusieurs mois pour réussir à rendre une idée, une sensation, une impression. Ce parcours passionnant est ponctué par des gifles olfactives, positives ou négatives, avec l’évolution d’une formule, la rencontre avec une nouvelle essence, un dosage à revoir jusqu’à atteindre la perfection.

Dans son roman La Note verte, même si on retrouve le quotidien du Nez, souvent mystérieux pour le grand public, il choisit aussi d’évoquer avec subtilité (trop parfois ?) la compétition entre créateurs, la direction que prendra un parfum, dictée trop souvent par un marketing qui nivelle et gomme pour coller à la tendance. Un peu amer, même si à l’opposé de la vindicte, cet opus raconte aussi la classification des odeurs, les bibliothèques olfactives personnelles et les formules qu’un professionnel doit retenir.

La force de ces deux ouvrages est de réussir à retranscrire les odeurs qui nous entourent, à nous faire voyager ou à nous redonner une sensation oubliée, une sorte de madeleine.

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Mettre en lumière le patrimoine unique des marques de luxe : des trésors à redécouvrir