Si vous vous êtes promené du côté du Bon marché ce mois-ci, vous avez peut être vu la table ovni de Béatrice Blanchard. Conçue comme un jeu de dominos XXL c’est une réalisation très soignée à cheval entre l’œuvre d’art et le chef d’œuvre artisanal.
Béatrice souhaitait une table ludique qui s’adapte à son environnement. Chaque domino est conçu comme un module, indépendant, qui peut se déplacer. L’idée est de trouver la disposition qui corresponde à l’espace et pas l’inverse. Ce qui est intéressant dans cette œuvre en plus de l’esthétique ludique de l’enfance, c’est toute la démarche de la créatrice.
Doreuse, depuis 20 ans, elle a développé une technique : la « Galuchette © ». Inspiré de la texture du galuchat, la surface présente des petites gouttes irrégulières réalisées à la main. Enduit d’abord, puis feuille d’or blanc recyclé et enfin brunissage à la pierre d’agathe. Ce travail exceptionnel réinvente la dorure. Les autres matériaux utilisés ici sont du plastique recyclable et du chêne fumé plaqué sur âme de bouleau.
Les matériaux ne sont pas anodins, tous recyclés ou recyclables et pour le bois les essences choisies sont produites en Europe à partir de forêts gérées durablement. Ce souci de l’approvisionnement est très significatif de la démarche de Béatrice Blanchard qui toujours cherche le moins nocif pour l’environnement.
A projet d’exception, artisan d’exception. L’ébéniste qui a collaboré à la réalisation de Modular 28 « Fair » © est Olivier Dollé. Parmi ses pièces emblématiques on trouve la bibliothèque Tree branche et la sublime table à diner Angkor qui reprend cette cohésion entre design et nature. Ces deux designers se sont bien trouvés…
Editée seulement à 9 exemplaires, cette table domino est aussi déclinées en petit avec les BB 28.
Pour voir la table in situ, prenez directement contact avec le show room.
APPARt B SHOWROOM
SUR RENDEZ-VOUS 34, rue Albert Thomas 75 010 PARIS tel. + 33(0)6 11 02 82 43
Read MoreDans le cadre de sa programmation [hors les murs], le Palais Galliera, en partenariat avec le Musée de l’histoire de l’Immigration, propose une réflexion thématique sur la place des cultures étrangères dans l’histoire de la création en France. Quand on pense créateurs étrangers en France, on visualise rapidement John Galliano ou Alexander Mac Queen à la fin des années 90. Cependant l’exposition permet de pointer l’étendue de ces créateurs venus travailler en France, et pas uniquement à la fin du XXe siècle.
Je n’étais pas retournée au Palais de la Porte Dorée depuis son changement d’affectation (ancien musée des arts d’Afrique et d’Océanie, non je ne suis pas un dinosaure…). Il reste impressionnant par ses proportions de temple art déco et sa nouvelle mise en valeur plus majestueuse que dans mon souvenir. En ce premier jour d’exposition, la visite se déroule dans des conditions optimales de tranquillité.
Nichée à l’intérieur de l’espace de l’exposition permanente, l’exposition temporaire prend place dans une immense salle verticale totalement blanche au parquet clair à chevrons. La scénographie se déploie comme un grand fil conducteur par thèmes qui s’imbriquent. Ce qui frappe d’emblée c’est l’absence de monotonie. En effet vitrines, robes mannequinées, dessins, croquis, documents officiels et personnels liés à l’immigration des créateurs se succèdent et captent l’attention. Les stockmans ne sont pas au sol mais en légère surélévation. Les œuvres sont hors de portée de main des visiteurs, même si elles ne sont pas sous vitrines.
L’intelligence de l’exposition est de proposer plusieurs points de vue. D’abord les grandes familles géographiques avec une chronologie des créateurs venus tenter leur chance à Paris. Puis le foisonnement des créateurs à partir des années 50 jusqu’à 2014.
Worth ouvre le bal des créateurs étrangers en France, dessinant les contours d’une collaboration étroite avec le Royaune-Uni. Avec lui c’est l’invention de la haute-couture, le début des saisons, de la griffe et la possibilité pour des maisons britanniques de s’implanter en France : Redfern, Creed, Lucile. Son excentricité se retrouve avec ces successeurs. La flamboyante robe Victoire de Christian Dior par John Galliano en 2005 en donne une belle illustration. Les cartels sont très riches et donnent de précieuses informations. On y apprend par exemple les origines de la maison Chloé et sa constance à distiller un style féminin, fluide et léger.
Le thème des innovations textiles permet de présenter le travail de Fortuny, si célèbre pour ses plissés et ses velours encore tellement contemporains. Les correspondances sont mises en valeurs en présentant par exemple un ensemble d’Issé Miyaké à côté de la robe Delphos de Fortuny. La grande modernité de cette dernière pièce saute d’ailleurs au visage. Comme souvent maintenant, les documents relatifs aux brevets et dépôts de modèles prennent une place intégrante dans les vitrines.
Une grande révélation pour moi est la place des maisons de broderies créées par l’aristocratie russe fuyant leur pays en 1917. La maison KITMIR (créée par Marie de Russie en 1922) réalise pendant six ans des broderies magnifiques pour Chanel. De même Irfé (contraction d’Irène et Félix Youssoupoff) installe en 1919 une école d’arts appliqués de broderie et de tissage en France. Lola Prusac originaire de Pologne travaillera pour Hermès et utilisera les motifs traditionnels de son pays dans ses créations.
Là encore cette filiation trouve son héritier avec Dries Van Noten et son goût pour les couleurs et les motifs décoratifs. Karl Lagerfeld et Sonia Delaunay sont aussi représentés.
Figure de proue du surréalisme « Schiap » chahute la mode. Ces modèles deviennent de vraies œuvres d’art. On a tous en tête le chapeau chaussure de Gala réalisé avec Dali. On connaît moins ces petits sweaters à effet de trompe-l’œil extrêmement contemporains réalisés avec l’Arménienne Aroosiag Mikaelian, qui travaillait avec elle. Là encore la filiation stylistique est mise en évidence avec Popy Moreni mais aussi Ricardo Tisci et Chiuri et Pierpaolo chez Valentino. La mode italienne reste démonstrative et baroque.
La figure tutélaire de Balenciaga flotte sur les créateurs hispaniques. Ayant fui l’Espagne pour des raisons politiques, il marquera la mode française par ses volumes et la construction de ses pièces. Del Castillo a assuré pendant 13 ans la création des collections Lanvin.
Paco Rabanne est arrivé enfant dans le Finistère, après la mort de son père (fusillé). Ce couturier si innovant dans les matériaux qu’il a utilisé, a étudié aux beaux-arts de Rennes.
« Je suis breton » déclare-t-il faisant abstraction de sa culture espagnole. il invente une mode innovante et décomplexée.
La seconde partie de l’exposition met en avant l’émergence de destins différents qui forment un tout dans l’histoire de la mode française. Les années 50 marque le début d’une aventure cosmopolite avec les couturiers Piguet, d’origine suisse, Dessès qui se singularise par ses plissés.
D’autres stylistes ou artisans sont mis en lumière dans cette exposition. C’est le cas de Sarkis Der Balian, bottier arménien qui fut meilleur ouvrier de France ou encore Catherine de Karolyi qui travailla chez Piguet et Hermès et qui est à l’origine de la fameuse boucle H de ce dernier.
S’ajoute encore à ce très complet panorama le bouleversement de l’arrivée des créateurs japonais, Kenzo d’abord puis, Rei Kawakubo et Yohji Yamamoto et Issey Miyaké. Leur travail est caractérisé par le déstructuré, le non-fini, l’asymétrique, Le noir et le blanc sont leurs couleurs.
Les chaussures de Tokio Kumaga à partir de 1981 sont des trésors de raffinement avec des thèmes très variés comme les animaux. En regardant certaines balerines, on aimerait voir celles de Marc Jacobs en résonnance.
Si les « six d’Anvers » ont d’abord préféré Londres à Paris, il n’en reste pas moins vrai que la capitale les a accueillis avec beaucoup d’enthousiasme. Martin Margiela a même décidé d’y créer sa maison, dans un quartier très loin de l’avenue Montaigne. Plus de griffe mais une étiquette blanche, pas de mise en avant mais un travail d’équipe revendiqué. Ce fut une vraie révolution !
Depuis 1990, il y a une accélération culturelle. Sur 164 défilés présentés à paris, 50 sont réalisés par des créateurs étrangers. Installation de leur maison ou juste défilés, sages ou excentriques, il n’y a plus de règles. Tout s’accélère et foisonne. La jeune génération dont font partie Haider Ackermann, Gareth Pugh, Thom Browne ou Iris Van Herpen proposent des expériences poétiques et expérimentales.
Au final Fashion Mix, par sa double dimension mode et immigration, donne une vision concrète de la richesse de la mode française dont chaque créateur est une facette vivante et intégrante. Prenez le temps d’y aller.
Un seul regret, le catalogue qui m’a laissé sur ma faim. Avec un tel manifeste je m’attendais à un objet plus attirant.
Palais de la porte dorée
Jusqu’au 31 mai 2015
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J’ai décidé d’inaugurer un nouveau tag dans ce blog. Même si ça n’est pas quelque chose que je mets en avant (évidemment) sur ce site, j’ai aussi des enfants, à qui j’essaie de faire partager mon goût des expositions. Alors quand c’est possible je les traine emmène en fonction de leurs goûts et de l’actualité. Intéresser en même temps des enfants de 6, 9 et 11 ans c’est un challenge. Cette semaine de vacances était propice en découvertes, au programme :
Le cerveau, ombres et lumières et les transports à la cité des sciences ainsi que Les animaux font le mur et Voyager au Moyen-Age au musée de Cluny.
Bon d’accord avec la Cité des sciences, j’ai commencé avec une valeur sûre. D’abord si vous hésitez encore, je vous conseille vivement le pass famille (2 adultes et toute la fratrie pour 85 euros annuels). Deux visites dans l’année et c’est rentabilisé. La cité des enfants est toujours un must, mais j’essaie aussi de leur faire découvrir les autres richesses du lieu.
Ce matin là, personne dans l’expo (Titeuf et son zizi sexuel et la Géode devaient faire le plein). Une délicieuse scénographie de manoir hanté, grincements de porte, et mobilier suspendu. Mais il ne faut pas s’y tromper les enfants adorent ! On peut entre autre étirer son ombre, la manipuler, la photographier, découvrir des angles de son visage grâce à des lampes latérales, jouer au cuisinier des couleurs ou visualiser un film avec des canivets qui pendent comme une lessive sur un fil.
Chacun y trouve son compte selon son envie d’apprendre et d’expérimenter. Le jour de notre visite, un seul dispositif était en panne. On retrouve toute l’intelligence des expos de la cité : une part d’imaginaire, une part d’expérimentation et une part d’explication.
L’exposition se prolonge par un site spécifique toujours ludique et intelligent. L’ombre photographiée dans l’ombromaton est disponible un mois sur le site et peut être imprimée.
Cette nouvelle exposition permanente est un enchantement. On appréhende le cerveau à tout point de vue : caractéristiques, construction, fonctionnement. Les synapses et les neurones deviennent des mots simples pour les enfants. Les vidéos explicatives sont bien construites et suffisamment courtes pour être vues en entier. Là encore la scénographie est très belle. Le bleu est omniprésent et les lampes chapeaux melons donnent une touche surréaliste à l’ensemble.
Les expériences à réaliser sont nombreuses et variées. Les adultes comme les enfants se prennent au jeu.
Le dernier volet de l’exposition sur le cerveau social est formidable de second degré et d’informations, rires garantis avec le film des chevreaux suprématistes.
Au final, un bon moment (qui a bien dû nous occuper 2 heures sans lassitude). Nombreuses ressources vidéo à retrouver sur le site.
C’est aussi une exposition permanente comme « Le Cerveau ». Elle s’adresse aux enfants à partir de 6 ans et fait le point sur la mobilité et les hommes à travers le monde. Dit comme cela c’est vaste, mais l’expo est truffée d’écrans, de quizz, de cartes interactives et d’énigmes. On apprend entre autre à optimiser un avion pour qu’il vole mieux. Une joyeuse installation artistique fait un carton auprès des visiteurs, Le manège : une œuvre interactive et collective, de Pierrick Sorin. Le principe : les visiteurs se prennent en photo pour apparaître quasi instantanément sur le mur d’écrans animés pour chevaucher une moto, un bus ou même un poisson ! Même les plus timides ne résistent pas à la tentation car le résultat est très drôle. L’artiste se met lui même en scène dans son installation, cherchez-le ! A noter qu’une exposition de Pierrick Sorin sera présentée à la galerie Pièce unique à partir du 20 novembre.
Là encore la vidéo est omniprésente et donne lieu à de réjouissants petits films comme par exemple celui sur la RATP et les rencontres dans la ville.
Seconde séance des expositions et direction le musée de Cluny : Les animaux font le mur , et Voyager au Moyen-Age.
A l’occasion de l’anniversaire de la grande galerie du Muséum d’histoire naturelle, plusieurs manifestations mettent en scène des prêts hors les murs. Au musée de Cluny, l’exposition tourne autour de la Dame à la licorne. Un fascicule ludique est offert eux enfants (pas vraiment spontanément…) pour rechercher des animaux et des herbiers dans les œuvres. Le support est attractif et permet d’aiguiser l’observation tout en apportant des éléments sur les correspondances avec les sens.
Il est dommage que la salle 17, dans laquelle se trouvent les animaux et fleurs du muséum soit si mal indiquée. Elle est à côté du cycle de la licorne mais tous les visiteurs refaisaient le trajet dans l’autre sens… une flèche ou un numéro visible fluidifierait l’ensemble. La vitrine des animaux est extraordinaire par la ressemblance frappante entre le tissage et la réalité. C’est aussi l’occasion de découvrir la genette (au premier plan dans la photo).
Le pari est gagné, les enfants ont joué le jeu de l’observation et ont pu découvrir cet élément important qu’est la tenture dans l’habitat du Moyen-Age, et relier les notions étudiées à l’école et le musée.
Cette nouvelle exposition permet de découvrir la diversité des voyageurs, leurs pratiques et leurs croyances au Moyen-Age. De la carte à l’horizontale, table de Peutinger indiquant sur plus de 6 mètres toutes les routes de l’Europe, en passant par le rouleau des morts de Saint Bénigne de Dijon qui contribuait au souvenir des morts des abbayes, le panorama est éclectique. Là encore sur le très beau site web du musée de Cluny était signalé un fascicule pour enfant en partenariat avec Paris Mômes. J’ai pu en imprimer un seul grâce à ma merveilleuse imprimante et j’en ai demandé d’autres à l’accueil du musée. A ma grande surprise, alors que l’exposition avait commencé deux jours avant, aucun livret enfant…Un peu dommage non ?
Ce support pédagogique est intéressant en soi, mais difficile à utiliser pendant la visite, je le vois davantage comme un récapitulatif en complément de la visite. L’exposition est plongée dans la pénombre certainement pour la conservation des pièces fragiles, mais cela ajoute à la difficulté pour les enfants de se repérer dans les thématiques. L’exposition est en revanche passionnante pour les adultes, son cadre dans le frigidarium des thermes la met bien en valeur, mais elle reste à mon sens un peu complexe pour un jeune public. Avec un peu de chance ils auront quand même retenu le rôle de St Christophe pour les voyageurs !
Le défi est relevé, les enfants ont tous trouvé des centres d’intérêts à ces visites de vacance. A suivre…
Read MoreA l’institut suédois à Paris se tient une exposition pour découvrir l’essence même de la mode suédoise. Quand on pense Suède, on visualise évidemment des marques comme H&M ou COS (même groupe) ou des matières brutes, le jean omniprésent (Acne) et des matières chaudes, du jacquard, des semelles de bois traditionnelles (Kerstin Adolphson) et de ravissants bracelets en cuir de renne. Eh bien dans cette exposition on enrichit sensiblement notre vision.
L’exposition est tirée de celle qui s’est tenue à Stockholm cet été au Sven-Harry’s Art Museum, orchestrée par Cia Jansson du Elle Suède et Michael Elmenbeck. L’exposition est courte, mais percutante. Chaque pièce représente presque un manifeste à elle seule.
La photo de mode suédoise est intrinsèquement liée aux paysages, et à un sentiment de tranquillité. Cependant il ne faut pas s’y fier, car la nature dans les clichés de Johan Sandberg agit comme une toile de fond, muette. Son rapport à la lumière est directement lié à l’importance de celle-ci en Suède (journées sans fin ou au contraire nuits très longues). Il joue avec les ombres et les différentes nuances de gris, mettant ainsi en valeur les expressions personnelles de ses sujets.
Dans les œuvres présentées, ce qui domine c’est une esthétique très froide, mais avec une lumière maîtrisée qui nimbe et ne découpe pas les sujets. Ils sont mis en avant avec subtilité, sans optimisme mais avec précision.
Dans les années 2000, les créateurs suédois comme Sandra Backlund, Bea Szvenfeld ou Fifth Avenue Shoe repair remettent l’artisanat à l’honneur. Les créations sont souvent des pièces uniques, ce qui permet un travail très élaboré sans contrainte de production. Les matières les plus variées sont alors choisies : papier, laine, métal, paillettes. Tout est bon pour créer des œuvres très graphiques. Il s’agit d’utiliser les techniques traditionnelles pour un résultat innovant. La laine devient sculpture, le papier est utilisé comme un savant origami géant à mi-chemin entre la plume et la représentation d’une molécule, les sequins créent une cuirasse de pastilles brillantes.
Cette profusion de techniques et d’amoncellements conduit naturellement à une autre évidence : la mode suédoise aime le volume. Les vêtements ne cherchent pas à magnifier une ligne ou une courbe, ils en créent de nouvelles ! Le corps disparaît, enveloppé, support d’une allure inédite. Tricot, papier, sont autant de petits modules qui semblent proliférer harmonieusement mais indépendamment du vêtement lui même. C’est particulièrement vrai pour le travail de Sandra Backlund, gagnante du Festival de Hyères en 2007.
Dans la mode suédoise, on trouve aisément du blanc, du noir, toute une palette de teintes sourdes et quelquefois des explosions de couleurs vives: un rouge incandescent, un rose tyrien, un jaune éclatant. Dans les exemples de l’exposition c’est surtout l’équation une pièce = une couleur. Ca brille sans être clinquant. Les pièces sont fortes, graphiques et parfois agressives. Elles ne laissent pas indifférent.
Les créateurs pour le prêt à porter, privilégient une approche mixte (pas pour tout bien sûr…). Beaucoup de vestes, de chemises, de pantalons cigarettes, de boots et de chaussures inspirées du vestiaire masculin. L’idée reste de mélanger le meilleur des deux, de mélanger les formes et d’obtenir un nouveau répertoire.
Si ne vous connaissez pas l’institut suédois, c’est l’occasion de programmer une petite balade dans le Marais. Le lieu est superbe, l’hôtel de Marle abrite entre autre une cour intérieure et un jardin.
La scénographie se présente comme une grande vague d’ardoise noire, ponctuée de mannequins. Seuls le nom du créateur et la date du vêtement exposé sont écrits directement à la craie sur le socle. Pas de vitrine pour protéger les œuvres (comme pour l’exposition sur les années 50 à Galliera). Les photos et les illustrations répondent en contre-point. Une vidéo du Beckman’s College of Design complète le dispositif.
A ne pas manquer non plus les nombreuses illustrations exposées (en particulier dans la montée d’escalier). Elles témoignent de la richesse de techniques employées, avec beaucoup de dessins et d’aquarelles, qui montrent la vivacité de la création suédoise.
Exposition visible à l’Institut Suédois jusqu’au 19 octobre 2014 11 rue Payenne, 75003 (métro Saint Paul) https://paris.si.se/ Plusieurs activités sont proposées autour de l’exposition.
Read MoreIl y a des expos dont les sujets sont alléchants et c’est un vrai bonheur de les découvrir. L’expo de Galliera fait partie de celles-ci. Quand on entend années 50, on voit très vite une jupe ample, une taille fine et marquée, le New-look de Christian Dior. C’est aussi une envie d’élégance, de nouvelles expériences, une période joyeuse due au contexte historique.
Eh bien cette exposition permet vraiment de ressentir ce souffle de vie. La scénographie est très agréable. On retrouve un parfait équilibre en photos, vêtements et accessoires. Les vitrines sont variées. Le mur de couvertures de « ELLE », est une constante cette année (Dries Van Noten, Dior et la photographie et bien sûr papier glacé).
Les cartels sont larges et explicatifs ce qui est un vrai plus. Une attention que j’apprécie particulièrement à Galliera, c’est le soin apporté à nommer non seulement les photographes des clichés, mais aussi le plus souvent possible les mannequins. Manière subtile de ne pas les cantonner à un rôle subalterne.
De cette période faste, on redécouvre les différentes tendances, la spécificité des couturiers. Ainsi on découvre que Jacques Fath avait en genèse la silhouette féminine mise en avant par le New-Look. Carven revendique la création pour les femmes petites et menues. Elle assimile les codes de la silhouette en vogue, mais la retravaille dans une esthétique différente.
Hubert de Givenchy, dont la maison ouvre en 1952, est alors un jeune homme audacieux et espiègle qui joue avec les tissus en collaboration avec Brossin de Méré. La robe a imprimé petits pois en est un exemple emblématique.
La codification des vêtements pour la journée et pour le soir est encore très présente : robe d’après-midi, de cocktail, du soir… C’est aussi le début des robes de plage et de campagne, qui perdent en rigidité et se laissent aller un une allure marine, évoquant le souffle de la liberté. Le contre pied de ce répertoire très codifié vient de Gabrielle Chanel.
Toutes ces tendances sont développées. Le clou de l’exposition reste tout de même la place laissée aux robes du soir.
«Les robes du soir sont le luxe des couturiers. Ils y mettent toute leur fantaisie. Elles représentent environ un dixième des modèles de la collection»
Paris Match, édition du 02/09/1950
Pour cette seconde partie, le parti-pris est de ne présenter que quelques robes à la fois, permettant de ne pas avoir l’œil noyé par l’abondance. Des débuts d’Yves saint Laurent chez Dior avec la robe courte « Aurore », aux silhouettes incroyable de Grès (comme la robe bustier drapée en velours de soie changeant) et Balmain, l’émerveillement atteint son paroxysme avec les robes de Christian Dior.
Robes bustiers, broderies d’inspiration XVIIIe, chaque pièce est un émerveillement. On parcourt cette expo comme une parenthèse où la féminité, la couleur, le sens du détail sont à mis en valeur.
A voir avec bonheur jusqu’au 2 Novembre 2014
http://www.palaisgalliera.paris.fr
Read MoreSe balader procure des surprises et heureusement ! A Aix-en-Provence cet été, il fallait scruter les murs, les portes, le mobilier urbain. Pourquoi ? Pour avoir une chance de trouver un des 24 pochoirs disséminés à travers la ville par Alex Tréma.
Les pochettes en papier calques visibles et énigmatique avec leur grand TaKe Me abritaient chacune le portrait de Sid Vicious des Sex Pistols. Les pochoirs sont numérotés et la feuille jointe explique la marche à suivre. Chaque œuvre est offerte et le promeneur curieux est invité à poster une photo de l’œuvre comme il le souhaite et quelques mots sur ses sentiments et sa découverte.
Vous avez deviné, j’ai eu la chance d’en trouver une, mais le projet ne se cantonne pas à la Provence. New-York, Paris, Marseille, Naples, Lille, Milan, Londres, Montpellier, Lisbonne, Bordeaux…
Alex Tréma est à l’origine de ce superbe projet, il a accepté de répondre à mes questions.
Comment est né TaKe Me ?
En Mai 2013 je suis parti en vacances à New York, et plus le départ approchait, plus je ressentais le besoin de faire quelque chose là bas.
Les collages comme ceux que je faisais à Paris me semblaient compliqués. Formats trop grands, matériel à acheter sur place, dans une ville qui m’était alors inconnue.
A partir de là, le concept de TaKe Me s’est imposé à moi en 48h. Des petites œuvres, pas de collage donc scotchées. Avec ce dispositif, elles peuvent être récupérées et deviennent un don. Les insérer dans des enveloppes ? Non, plutôt des pochettes calques avec l’inscription en rouge TAKE ME, et la recherche d’une interactivité avec la demande d’une photo en retour.
« L’œuvre qui a le plus voyagé : trouvée devant Beaubourg, une pièce est réapparue 2 mois après à Melbourne (Merci Tom) ».
« C’est haut New York USA », était le nom de ce projet (TaKe Me s’est imposé au 4ème projet). Il n’était pas appelé à être reproduit, mais ce sont les retours que j’ai pu avoir qui m’ont donné envie de continuer. Ils mêlaient, surprise, émotion, remerciements.
« Ce projet représentait ce que je cherchais : simplicité, générosité, échanges. »
Quel est le retour par ville, ce nombre est-il en progression ?
Je pense qu’il est de 5 à 6 en moyenne, mais je ne suis pas à la recherche du record. Les pièces sont posées de manière aléatoire, dans des lieux ou seule la curiosité peut arrêter les gens. Je pourrais cibler des lieux »street art » et avoir plus de retours, mais j’aime l’idée d’aller à la rencontre de gens qui n’ont pas naturellement d’attirance pour ce courant artistique. Et puis il est plus facile de recevoir que de redonner. D’une manière générale, toutes les œuvres sont trouvées. Ensuite elles ont leur propre vie, appréciées, abandonnées, offertes, non revendiquées…
Les prochaines villes Pour TaKe Me? Barcelone le 21 & 22 septembre, Venise le 7 & 8 Novembre seront les 12ème et 13ème ville investies pour un total de 312 réalisations offertes et Nancy entre Décembre et Mars pour un hommage à CharlElie Couture qui aura un grande rétrospective de son œuvre dans sa ville natale pendant cette période. C’est une personne que j’aime beaucoup.
« Le plus long retour : toujours à Paris, 5 mois après la pause ( Merci Marion). »
Pour suivre tous les projets TaKe Me, c’est sur le site d’Alex Tréma
Toutes les photos sont extraites du site d’Alex Tréma.
Read MoreMettre en lumière le patrimoine unique des marques de luxe : des trésors à redécouvrir