Le 5 rue Victor Schoelcher se réinvente grâce à la fondation Giacometti. Cet hôtel particulier de style Art Déco, ayant appartenu à Paul Follot, accueille désormais une reconstitution de l’atelier d’Alberto Giacometti et un espace d’expositions temporaires.
L’hôtel particulier, construit entre 1912 et 1914 est symptomatique de la transition entre l’Art Nouveau et l’Art Déco. Tout l’enjeu de l’architecte Pascal Grasso a été de respecter ce monument historique fermé depuis 60 ans tout en y intégrant Giacometti et en en faisant un lieu contemporain. Le résultat est magnifique : vitraux de branches de gui, motifs abstraits, décors muraux géométriques et surtout la mosaïque comme fil conducteur. On la retrouve sur la façade, mais aussi sur les sols en damiers de lapis et d’or et les murs en fils métalliques. L’architecture de l’atelier est conservée grâce aux verrières, et à la structure métallique de la mezzanine. Un soin particulier a été apporté à la réversibilité de ce lieu classé.
Le résultat est un ensemble harmonieux de détails ornementaux riches, de clarté et de matériaux bruts comme le bois du parquet ou les socles qui répondent au plâtre des sculptures. L’ensemble donne un lieu chaleureux, et intimiste.
Une envie de la fondation était de pouvoir présenter une reconstitution de l’atelier de l’artiste. Annette Giacometti (son épouse) a conservé aussi bien les murs (peints par l’artiste) que les œuvres en plâtre ou encore des boîtes de couleurs ou des œuvres personnelles. Cet ensemble très fragile est pour la première fois présenté ici. Le dispositif scénique permet au visiteur d’être au plus près de la reconstitution grâce à des gradins et une ouverture vitrée sur 2 côtés. L’atelier apparait pour la première fois dans toute sa subtilité chromatique. A force de voir des photos en noir et blanc, on n’imagine pas que tout ne soit pas gris…
Un buste d’art égyptien et une œuvre de l’époque de Gudea, permettent aussi de comprendre le rapport du sculpteur à l’archaïsme et sa présence en filigrane dans son œuvre.
L’écrivain et l’artiste ont entretenu une profonde amitié. Il en résulte des échanges épistolaires, des portraits de l’écrivain par le peintre et un manuscrit par l’écrivain. Jean Genet pouvait venir à l’improviste dans l’atelier, fait suffisamment rare pour être souligné. Cette première exposition met en scène dans le cabinet graphique le manuscrit de Jean Genêt « L’atelier d’Alberto Giacometti », et en regard de nombreux dessins du peintre qui a accumulé plus de 5 000 esquisses, gravures et lithographies.
Les protagonistes ont un thème en commun : les prostituées. Pour l’écrivain, elles représentent la quintessence de la solitude. Giacometti les transforme en déesses : magnifiées sur un socle (qui représente le parquet de la pièce), ou encore dans la Cage qui suggère l’espace d’une chambre, statiques et irréelles elles renforcent cette impression de sacré et de référence à l’Egypte ancienne
Jean Genet demandera d’ailleurs à Giacometti d’illustrer sa pièce le Balcon, dont l’action se déroule dans un bordel.
Ce nouveau lieu consacré à Giacometti, est un musée intimiste, qui choisit de présenter les œuvres avec un minimum de vitrines ou de socles pour instituer avec le visiteur un rapport assez personnel. Pour le visiter, il faut passer par le site internet pour réserver un créneau horaire. Le support pédagogique sorte de mini catalogue reprend les grandes lignes car volontairement les textes de salle sont limités. N’hésitez pas à pousser la porte, vous ne serez pas déçus…
Institut Giacometti
5 rue Victor Schoelcher 75014 PARIS
www.fondation-giacometti.fr/institut
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