Aujourd’hui ouvre la nouvelle exposition du Palais Galliera, consacrée au défilé hommage à Alber Elbaz : Love brings love.
Ce défilé, organisé par AZ Factory, la maison du couturier, le 5 octobre 2021, a réuni les créations de 46 designers de mode. Ils ont tous créé un look inspiré par Alber Elbaz. Il peut s’agir de ses caractéristiques stylistiques : son goût pour les couleurs, les volumes faciles à porter, les cœurs, les bords francs etc. Mais aussi des pièces inspirées de ses propres créations ou encore une référence à son humour ou à sa bienveillance.
Bras droit du couturier Geoffrey Beene à New-York, il a aussi réussi à redonner vie à la maison Guy Laroche et ses plissés subtils. Il succède à Yves Saint Laurent à la tête de la ligne Rive Gauche au départ de celui-ci. Il a ensuite remis la maison Lanvin dans la lumière pendant de nombreuses années. En 2019, il crée, après plusieurs années de retrait, AZ Factory, sa propre maison. Elle valorise le corps féminin, toutes les morphologies et le mouvement. Conscient de la très forte pollution liée à l’industrie textile, il bannit les cuirs animaux et utilise des polyesters recyclés. La silhouette est très féminine et permet d’aller du début à la fin de la journée sans se changer (dans le même esprit que Gabrielle Chanel en son temps). Si la maison a été créée en 2019, la première collection a été présentée en 2021.
L’aire du musée a été organisée en 3 espaces. Il s’agit de mettre le visiteur dans l’ambiance de ce défilé hommage en présentant toutes les créations sur un podium de gros confettis noirs et rouges, identiques à ceux de la fin du défilé. Les modèles sont présentés dans les deux salles principales, avec à chaque fois deux écrans en hauteur qui permettent de voir les looks défiler et d’être plongé dans l’atmosphère sonore si particulière de cet événement. L’effet est très réussi, sans mise à distance des pièces et à hauteur de spectateur (à la différence de l’expo Gaultier du Grand Palais). Autre dispositif très appréciable, chaque robe est accompagné d’un très grand cartel développé avec le nom de la maison et de son créateur, une anecdote si le couturier le souhaite, un croquis quelquefois, les détails techniques du vêtement et un QR code qui fonctionne très bien et permet d’avoir accès à des photos, et éventuellement une interview du designer. Les informations sont différentes de celles fournies par le cartel. Loin d’être un gadget c’est pour moi une médiation réussie qui permet en plus de retrouver le modèle sur son téléphone après l’exposition.
Dans la 3e pièce, une courte biographie permet d’approfondir de mieux connaître les créateurs invités. Certains sont connus, d’autres moins, l’information est judicieuse.
Une petite salle présente l’installation d’une jolie robe jaune animée par un ventilateur. Elle symbolise et accompagne les visuels réalisés par Alber Elbaz en particulier pour Lanvin avec le photographe Steven Meisel.
Quelques dates-clés font écho à un grand mood board animé pour s’imprégner de l’univers du créateur. Encore une section efficace et lisible très agréable. De nombreuses citations parsèment les murs avec humour.
Cette exposition m’a plus émue que je n’aurai cru. La scénographie, les anecdotes des créateurs souvent touchantes et la beauté de certaines pièces brossent un portrait sensible du couturier mort à 59 ans. Il avait une réputation de gentillesse et d’humour qui se retrouvent ici. C’est un hommage délicat qui donne en plus un instantané des créateurs de mode de 2022. La mode d’Alber Elbaz était joyeuse, colorée, raffinée et libre. Son équipe lui rend hommage dans le dernier look du défilé en soulignant ses qualités.
Love brings love, Palais Galliera jusqu’au 10 juillet 2022
Read MoreSe démarquer dans le monde du bijou n’est pas facile. Les créateurs sont nombreux et souvent talentueux. J’ai choisi de vous présenter quatre concepts que j’affectionne particulièrement. Ils allient poésie, responsabilité, vintage, éthique et créativité.
Sous ce nom génial, se cache le concept le plus joyeux de la bijouterie fantaisie, celui qui concilie le plaisir de manger des fruits de mer et de valoriser ce qui reste : les coquilles. Dans la lignée du surréalisme, les coquilles sont percées, dorées et se pendent aux oreilles, deviennent des colliers huître ou couteaux. Les pièces sont belles, le packaging se fait dans une papier façon poissonnerie ou des coquillages moulés, et la démarche revendique son aspect éphémère (oui oui effet-mer) car la dorure à la feuille ne résiste pas forcément à tous les frottements. Coquille vide a tout compris à Instagram et à la proximité ludique qu’elle autorise. Bérangère partage avec plaisir ses agapes de coquille Saint-Jacques ou de coques de son assiette à votre oreille. Son univers existe aussi à travers une sélection pointue d’iconographie maritime. Coquilles vides redonne vie à un rêve d’enfant, celui de se parer et de sublimer ces petits trésors marins.
Jennifer crée à Vincennes des pièces qui aiment mixer les codes traditionnels de la bijouterie : chaines, pierres et perles. Mais son plaisir c’est de détourner les structures classiques dans un joyeux patchwork de maillons, de couleurs et de pièces moins habituelles comme des mousquetons. Les thèmes se suivent mais ne se ressemblent pas ; seule la perle reste comme un fil directeur. Et si possible la perle imparfaite. Ses bijoux sont souvent asymétriques et jouent des contrastes de matières et de formes.
Derrière cette créativité, JMiehlaw revendique aussi une démarche responsable. Les éléments dorés à l’or fin proviennent souvent de fins de stocks dormants, les bijoux sont donc réalisés en très petites séries. Les perles d’eau douce sont sélectionnées pour leur relative imperfection qui leur donne un charme particulier. Dans certaines collections les médailles religieuses vintages servent de breloques.
Derrière ce nom, amusant se cache une super idée : pourquoi produire encore plus, alors que de nombreux et beaux bijoux anciens dorment dans des boîtes au lieu d’accrocher la lumière et de vivre une nouvelle vie ? Sélectionnés avec soin auprès de marchands, nettoyés, réparés les bijoux que vous trouverez sur le site sont tous plus beaux les uns que les autres. Anne Lise Delsol, ancienne attachée de presse devenue gemmologue passionnée s’est formée pour garantir la qualité de ses pièces en ajoutant son goût personnel pour ces trésors. Elle aime l’idée que cet héritage rende hommage aux artisans qui les ont imaginés. Son site clair et esthétique invite à rêver et à imaginer la pièce sur soi.
En plus de cette catégorie d’objets, Caillou a lancé les Réinventés. Ces bijoux sont créés à partir de pièces dépareillées ou moins usitées telles que les épingles à cravate. Celles-ci deviennent de ravissantes boucles d’oreilles uniques à porter seules ou combinées.
Il y a quelques années, grâce à Mai Hua, je découvrais les bijoux de Pénélope Cadeau, la fiancée du facteur. Le choix des motifs, l’histoire de chaque pierre était un voyage à lui seul. Pénélope a changé de pays, a fait d’autres découvertes et s’est associée avec Joanne Journée pour créer des bijoux beaux mais aussi éthiquement engagés. C’est à la suite d’un voyage en Tanzanie, dans des familles Massai, que l’envie de créer des bijoux, créés par Jourca mais assemblés par les femmes massai en s’inspirant des bijoux traditionnels, est née. En faisant travailler des femmes de cette communauté, Jourca s’engage en rejoignant une ONG qui lutte contre les mutilations sexuelles féminines. Un groupe de femmes Massaï a été formé à la fabrication des bijoux dont la production est supervisée par Pénélope. Ces femmes, en étant rémunérées justement, peuvent subvenir à leurs besoins et ne sont plus tributaires du troc et du métier d’exciseuse qu’elles pratiquaient avant le travail de l’ONG. Elles deviennent à leur tour ambassadrice du changement.
Les bijoux de Jourca sont d’une grande poésie et aussi d’une grande technicité et les finitions (dorure à l’or fin 24 carats, ciselures), sont réalisées près de Marseille. La chimère est un motif récurent, mais chaque bijou raconte sa propre histoire, comme un talisman contemporain, une pièce que l’on est heureux d’offrir ou de porter, comme un fétiche.
Quatre univers très différents mais qui m’ont plu et qui je l’espère vous toucheront aussi.
Read MoreChiner aux Puces du Moulin permet souvent de jolies découvertes. La dernière en date est un cadre en cuir blanc abritant une photo en noir et blanc d’une femme vêtue d’une robe à jupe plissée soulignée de nervures claires et un haut à double boutonnage. Au-dessus l’inscription Neyret et en dessous le logo de la marque dans un losange rouge.
Neyret est pour moi une référence au fond de la boutique de mes arrière-grands-parents à Crèvecœur-le-Grand : Nouveautés, postiches, activité de modiste et vêtements de deuil. Neyret, ce sont aussi des piles de gants crème, beurre frais, à trous, en cuir, en coton, en résille conservés religieusement dans les sous-pentes familiales. En revanche il n’a jamais été question de vêtements dans la mémoire de ma grand-mère.
Quelques recherches me permettent de découvrir des publicités graphiques pour les fameux gants. Typographie art déco, mouvements nonchalants de la main ou gant posés en fleurs sont les signes d’une élégance assez éloignée du gant en latex de protection. Le gant fait partie de la silhouette au même titre que le chapeau. Beaucoup de ganterie dans la presse mais quasiment pas de vêtements. En revanche quelques parutions pour des nuisettes apparaissent épisodiquement.
Neyret Paris a aussi commercialisé des sous-vêtements et une ligne sport. Le Victoria & Albert Museum possède un maillot de bain très intéressant en jersey de 1937. Neyret était alors vendu à Londres.
Une seule mention de robes en jersey dans les années 60. J’essaie alors de remonter l’historique de la société.
Mes recherches sur Neyret m’indiquent que c’est une société qui existe encore à St Etienne. Fondée en 1828, elle a négocié avec succès les révolutions technologiques et les demandes du marché de la mode. Rubans, mais aussi rubans personnalisés, étiquettes griffe des vêtements, packaging sur mesure pour des produits de luxe, les secteurs d’activités sont pointus et performants. Au cœur de l’actualité, Neyret a aussi créé un site dédié pour des masques grand-public. Renseignements pris, les gants et le prêt à porter n’ont jamais fait partie des activités de cette entreprise, retour à la case départ.
Autre piste et cette fois-ci des cartes postales oubliées alignent les ouvrières d’une usine de gants à Céton dans l’Orne. Des écrits de la fin du XIXe siècle et unemonographie étayée relatent le développement de cette industrie dans cette ville touchée par la crise du textile en 1846 qui fabriquait à l’origine “(…) des étoffes de laine appelées droguets, serges d’Agen et étamines. Ces dernières, avant 1789, se vendaient aux maisons religieuses des environs”. *
L’entreprise Neyret s’implante en 1858, à Céton et ouvre une usine de ganterie. Une partie du travail se fait à domicile et le paiement est effectué à la pièce. En 1955 la société emploie encore 10% de la population du bourg et des documents mentionnent l’industrie du gant et des sous-vêtements.
Les gants sont réputés et les publicités s’exposent au fil des décennies. Toujours pas de mention de vêtements, mais de la lingerie ! De fil en aiguille, j’apprends que Maison Neyret SA est une entreprise parisienne domiciliée 17 rue D’Uzès dans le 2e arrondissement. Un passionné de Citroën a même retrouvé le bail commercial de la société (Neyret était installé au-dessus de ce garage). Cet immeuble ancien, siège du groupe Le Moniteur, a depuis été détruit. La rue d’Uzès est mentionnée régulièrement sur les publicités pour les gants.
Une publication de 1924 extraite de Ganterie : revue technique des industries du gant : organe de la ganterie française mentionne les grande qualité et finesse des gants ainsi que de la lingerie pour femme et enfants et tissage à Fleury sur Andelle dans l’Eure.
Conclusion la société Neyret Paris a bien commercialisé des gants, de la lingerie, des vêtements et une ligne sport. Elle a fermé ses portes en 1971. A Ceton, l’usine a été transformée en maison de retraite. Renseignement pris, les marques Neyret gants et Neyret Paris ont été rachetées mais la raison sociale n’a pas été réactualisée et correspond à une boîte postale à la poste du Louvre. La prochaine fois que vous croiserez un article Neyret, vous saurez que cette marque a été synonyme de qualité et d’inventivité (Karl Lagerfeld a travaillé avec eux aussi), spécialiste du gant, du jersey avec un essai dans le prêt-à-porter.
Read MoreSi vous n’avez pas encore entendu parler du Festival International des Textiles extra-ordinaires, c’est le moment idéal. Il s’est tenu toute la semaine dernière à Clermont-Ferrand. Il est unique en son genre, car il n’existe pas d’autre manifestation de ce type consacrée au textile. Plusieurs expositions seront visibles jusqu’en octobre et en janvier.
Créé en 2012, il prend ses marques tous les deux ans en Auvergne avant de s’exporter l’année suivante dans un pays partenaire de l’évènement. Le thème de cette année est Déviation et le pays retenu pour 2019 est la Roumanie. Cette seconde version sera enrichie par des travaux en collaboration entre Clermont et les artistes roumains retenus toute cette année. Loin d’être une juxtaposition, il s’agit d’agrémenter ce deuxième volet.
Ce festival réunit des artistes, des créateurs textiles, des photographes et des collectifs locaux. Son point central est le musée Bargoin, avec une exposition qui lie objets patrimoniaux et créations contemporaines autour d’une réflexion bien articulée.
Mais le festival se diffuse aussi dans la ville pour toucher tous les publics : spécialistes et habitants. Il essaime à travers différents lieux : le conservatoire de musique avec des travaux sur les codes du wax et leur réinterprétation par les étudiants, avec les travaux conjoints de deux écoles d’art. Dans la chapelle de l’ancien hôpital général, l’ENSATT de Lyon, en conception costume, s’intéresse au détournement du corps, un travail sur la fragilité.
Dans la rue le collectif Outrage de dames avec Paule Kingleur et le Flax café ont fait naître des coraux sur les façades noires et blanches de la ville, des patchwork de laine autour des arbres, faisant de la ville une oeuvre gigantesque. Le résultat est très réussi, les couleurs vives mettant en valeur l’architecture de la ville.
Jusque début-octobre il est possible d’admirer, à Notre Dame du Port, l’oeuvre de cette artiste japonaise. Constituée d’une multitude de pétales allant du blanc en passant par différentes nuances d’indigo, elle occupe toute la nef avec légèreté. Amour et indigo se prononcent de la même manière en japonais, d’où le titre.
C’est le clou du festival. Elle exploite le détournement aux travers d’oeuvres fortes autour du textile à travers 4 thèmes : la transgression, la circulation, la collision et la transcendance.
Une très courte sélection en image vous donnera une idée (même si on peut y passer beaucoup de temps tant le contenu et la scénographie sont intéressants).
La pièce phare de l’exposition est celle de Jérémy Gobet. Cet artiste explique que pour un projet comme celui-ci il est primordial pour lui de s’intéresser à la matière et aux techniques locales pour les faire revivre. Il a travaillé avec la SCOP Fontanille. Cette usine de dentelle et de ruban, reprise par ses salariés, a su se renouveler (par exemple les genouillères de l’équipe de France). Il y a un vrai travail de continuité et d’innovation. Leur spécialité était le point d’esprit. Jérémy Gobet travaille conjointement sur l’art et la science. Il est parti de ce point de broderie pour le rapprocher du squelette du corail. Il a trouvé de nombreuses similitudes. Pour que le corail se fixe sur un support, celui-ci doit être biodégradable (le coton), souple et non opaque. Les machines de production ont été améliorées pour fabriquer des lés et non des bandes de dentelle comme c’était le cas avant. Corail artefact a aussi une dimension industrielle et scientifique car un brevet a été déposé. Quatre points de broderies sont maintenant utilisés pour s’adapter aux espèces de coraux. Enfin en 2021 le textile sera réellement déposé sur la barrière de corail. Cette oeuvre est donc à la fois artistique, mais aussi scientifique, économique et sociale : une vraie réussite.
Pour montrer le savoir-faire de cette usine, Jérémy Gobet a rempli la salle de ses archives d’échantillons de broderies. L’ancien propriétaire avait commencé à jeter cet incroyable trésor technique… Les échantillons sont présentés avec des coraux complétés de l’artiste, avec par exemple des chevilles en plastique pour réparer le vivant.
Toutes les informations sont à retrouver sur http://fite.hs-projets.com/
Exposition au musée Bargoin jusqu’au 6 janvier 2019
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Le 5 rue Victor Schoelcher se réinvente grâce à la fondation Giacometti. Cet hôtel particulier de style Art Déco, ayant appartenu à Paul Follot, accueille désormais une reconstitution de l’atelier d’Alberto Giacometti et un espace d’expositions temporaires.
L’hôtel particulier, construit entre 1912 et 1914 est symptomatique de la transition entre l’Art Nouveau et l’Art Déco. Tout l’enjeu de l’architecte Pascal Grasso a été de respecter ce monument historique fermé depuis 60 ans tout en y intégrant Giacometti et en en faisant un lieu contemporain. Le résultat est magnifique : vitraux de branches de gui, motifs abstraits, décors muraux géométriques et surtout la mosaïque comme fil conducteur. On la retrouve sur la façade, mais aussi sur les sols en damiers de lapis et d’or et les murs en fils métalliques. L’architecture de l’atelier est conservée grâce aux verrières, et à la structure métallique de la mezzanine. Un soin particulier a été apporté à la réversibilité de ce lieu classé.
Le résultat est un ensemble harmonieux de détails ornementaux riches, de clarté et de matériaux bruts comme le bois du parquet ou les socles qui répondent au plâtre des sculptures. L’ensemble donne un lieu chaleureux, et intimiste.
Une envie de la fondation était de pouvoir présenter une reconstitution de l’atelier de l’artiste. Annette Giacometti (son épouse) a conservé aussi bien les murs (peints par l’artiste) que les œuvres en plâtre ou encore des boîtes de couleurs ou des œuvres personnelles. Cet ensemble très fragile est pour la première fois présenté ici. Le dispositif scénique permet au visiteur d’être au plus près de la reconstitution grâce à des gradins et une ouverture vitrée sur 2 côtés. L’atelier apparait pour la première fois dans toute sa subtilité chromatique. A force de voir des photos en noir et blanc, on n’imagine pas que tout ne soit pas gris…
Un buste d’art égyptien et une œuvre de l’époque de Gudea, permettent aussi de comprendre le rapport du sculpteur à l’archaïsme et sa présence en filigrane dans son œuvre.
L’écrivain et l’artiste ont entretenu une profonde amitié. Il en résulte des échanges épistolaires, des portraits de l’écrivain par le peintre et un manuscrit par l’écrivain. Jean Genet pouvait venir à l’improviste dans l’atelier, fait suffisamment rare pour être souligné. Cette première exposition met en scène dans le cabinet graphique le manuscrit de Jean Genêt « L’atelier d’Alberto Giacometti », et en regard de nombreux dessins du peintre qui a accumulé plus de 5 000 esquisses, gravures et lithographies.
Les protagonistes ont un thème en commun : les prostituées. Pour l’écrivain, elles représentent la quintessence de la solitude. Giacometti les transforme en déesses : magnifiées sur un socle (qui représente le parquet de la pièce), ou encore dans la Cage qui suggère l’espace d’une chambre, statiques et irréelles elles renforcent cette impression de sacré et de référence à l’Egypte ancienne
Jean Genet demandera d’ailleurs à Giacometti d’illustrer sa pièce le Balcon, dont l’action se déroule dans un bordel.
Ce nouveau lieu consacré à Giacometti, est un musée intimiste, qui choisit de présenter les œuvres avec un minimum de vitrines ou de socles pour instituer avec le visiteur un rapport assez personnel. Pour le visiter, il faut passer par le site internet pour réserver un créneau horaire. Le support pédagogique sorte de mini catalogue reprend les grandes lignes car volontairement les textes de salle sont limités. N’hésitez pas à pousser la porte, vous ne serez pas déçus…
Institut Giacometti
5 rue Victor Schoelcher 75014 PARIS
www.fondation-giacometti.fr/institut
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Avant de lancer une très grande transformation de ses espaces d’expositions, le musée de la Piscine à Roubaix rend hommage à un art méconnu, celui du gouaché. Et comme j’ai été très lente ça se finit ce week-end… De quoi s’agit-il ? Entre le croquis et la fiche technique, les joailliers font dessiner leur projet de bijou sous la forme d’un dessin à la gouache particulièrement raffiné. Le bijoutier Dael & Grau à Lille, a eu la surprise en vidant les locaux d’une ancienne boutique de trouver 700 gouachés datant de 1910 à 1960. L’exposition a été montée en un temps record pour pouvoir être visible en 2018.Installée dans une des galeries latérales de la piscine on peut admirer par type de pierre les gouachés correspondants.
A l’origine Dael et Grau étaient deux bijoutiers indépendants, on venait chercher chez eux des bijoux, de l’horlogerie et de l’optique. Après leur fusion, la particularité de cette enseigne est l’absence de vente de licences, on trouve uniquement leurs créations encore à l’heure actuelle. Les gouachés sont maintenant réservés aux clients prestigieux.
Elle se place dans une des galeries latérales du bassin. Le couloir et les cabines s’articulent autour des différentes pierres précieuses (émeraude, rubis, onyx, saphir, diamant, opale). Quelques mots sur chaque pierre, caractéristiques et circonstances, mais la part belle est laissée au dessin.
Les gouachés sont réalisés selon les époques sur du rhodoïd, du calque ou du papier canson. Cet art était souvent l’œuvre d’une seule personne dédiée à l’intérieur de l’atelier. Subtil le rendu doit pouvoir donner l’illusion du bijou, avec par exemple 11 types de blancs différents pour donner le rendu d’un diamant. Chaque dessin est fragile car sa matière même vieilli : le rhodoïd devient cassant et les papiers acides se modifient avec le temps.
Chaque gouaché révèle une époque, un style et démontre s’il le fallait que la joaillerie du nord était aussi inventive et avant-gardistes qu’à Paris. On oublie que les grandes familles de la région du Nord aimaient être à la pointe de la mode.
Cette exposition se prête merveilleusement au cadre de la Piscine et les œuvres se suffisent à elles-mêmes tant elles sont gracieuses. On aurait quand même aimé un peu plus de détails sur le fonctionnement d’un atelier ou des éléments historiques. Cela s’explique par la rapidité avec laquelle il a fallut monter l’exposition. Qui sait après la réouverture les gouachés reviendront peut être ?
Les gouachés, un art unique et ignoré
La piscine de Roubaix jusqu’au 1er avril 2018
http://www.roubaix-lapiscine.com/
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